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KENYA : le gouvernement interdit l’abattage des ânes, menacés par la demande chinoise

KENYA : le gouvernement interdit l’abattage des ânes, menacés par la demande chinoise©Beata TabakShutterstock

« Plus aucun âne ne sera tué dans les abattoirs du Kenya » a déclaré Peter Munya, le ministère kenyan de l’Agriculture, le 25 février 2020. Depuis quelques années la population d’ânes du pays a drastiquement chuté. Une situation qui s’explique par l’abattage commercial de ces animaux.

Le gouvernement kenyan a légalisé l’abattage commercial des animaux (dont des ânes) en 2012 pour satisfaire la demande chinoise en forte hausse. La peau des ânes est très prisée sur les marchés chinois où on lui prête de nombreuses vertus médicinales. Elle permettrait par exemple de subvenir à la demande en ejiao, une mixture utilisée en médecine chinoise pour traiter plusieurs maladies (l’anémie, les problèmes de reproduction et l’insomnie). Le marché de l’ejiao pèse plusieurs millions de dollars.

Alors que le gouvernement kenyan voyait à travers cette activité l’opportunité de créer des emplois et d’augmenter la valeur commerciale des ânes, il en dénonce aujourd’hui les conséquences pour les communautés locales. Le trafic d’ânes a par exemple déclenché une vague de protestations parmi les communautés locales qui dépendent des équidés pour survivre et se déplacer. Le vol de bêtes s’est également répandu dans les comtés du Kenya. Selon la Kenya Agriculture and Livestock Research Organization (Kalro), plus de 4 000 bêtes ont été dérobées entre les mois d’avril 2016 et de décembre 2018 dans le pays, afin d’alimenter le marché noir. Depuis 2016, les autorités kenyanes ont autorisé la création de quatre abattoirs à travers le pays. Ceux-ci sont destinés à exporter la viande et la peau des ânes vers l’Asie.

Selon les données publiées par le gouvernement au mois de février 2020, le Kenya dénombre environ 1,2 million d’ânes, contre 1,8 million d’individus il y a 10 ans seulement. « Rien que ces trois dernières années, plus de 300 000 bêtes auraient été abattues », précisent les responsables de Kalro. À un rythme qui atteint désormais plus de 1 000 ânes tués par jour, explique le groupe Brooke East Africa, une organisation internationale de protection des animaux.

Le Kenya n’est pas le seul pays concerné par l’abattage commercial des ânes en Afrique. Le Burkina Faso, le Mali, le Ghana, la Côte d’Ivoire, le Nigéria, l’Afrique du Sud, la Tanzanie et le Botswana sont également touchés par le phénomène.

Inès Magoum

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