Les flamants roses désertent le lac Nakuru dans le comté éponyme au Kenya. Le phénomène n’a de cesse de s’intensifier ces dernières années. Une situation imputée à l’Homme, principal responsable de la déforestation.
L’image du lac Nakuru a longtemps servi de carte postale au Kenya. Le lac est situé à 130 kilomètres au nord de Nairobi, la capitale. Plus de 200 000 touristes visitent chaque année cette étendue d’eau pour admirer la beauté de ce paysage magnifique situé au cœur de la vallée du Rift. Le charme du site était rehaussé par la présence des flamants roses. Pendant les saisons propices, jusqu’à 75 % de la population mondiale de ces oiseaux se donnaient se retrouvent à Nakuru. Aujourd’hui, le site est presque désert. Le lac Nakuru accueille actuellement entre 5000 et 15 000 flamants roses, contre 2 à 4 millions il y’a encore quelques années. « Il y a 10 ans, vous pouviez voir des millions de flamants, cela faisait comme un grand nuage rose. Aujourd’hui, on ne voit plus grand-chose », déplore Jackson Raini, directeur du réseau de la protection des flamants.
Pourquoi les flamants désertent-ils le lac Nakuru ?
En 2013 à la suite des inondations, le niveau du lac Nakuru augmente rapidement et sa surface double quasiment. Elle passe de 31 à 54 kilomètres carrés. Le lac Nakuru ne perd pas complètement son charme certes, mais cette montée des eaux provoque des bouleversements dans son écosystème. Selon les gardiens du lac Nakuru, « il y’a plus d’eau douce et la salinité a chuté brutalement ». Une situation qui prive les flamants roses de leur aliment principal, la spiruline. Il s’agit d’une micro-algue bleue extrêmement riche en protéines autrefois présente dans les eaux alcalines, salées et peu profondes du lac Nakuru.
Toujours selon les gardiens du lac cette situation s’explique par la destruction de la forêt de Mau autour du lac Nakuru. Aujourd’hui, il ne reste plus que 40% de la forêt d’origine. Le phénomène s’est considérablement accéléré depuis le début des années 2000 au profit des terres agricoles. Conséquence, les flamants roses ont déserté le comté de Nakuru et ont investi le lac Logoria toujours au Kenya. D’après les gardiens du lac Logoria, le site accueille plus d’un million de flamants, soit cinq fois plus qu’il y’a quelques années. Le lac Logoria est plus abondant en eau salé, ce qui lui permet de mieux résister aux inondations. Toutefois, son niveau d’eau augmente de manière inquiétante depuis quelques temps. D’après le réseau de protection des flamants au Kenya, près d’un tiers de la population de ces oiseaux a déjà disparu ces dix dernières années.
Inès Magoum