Tend-t-on vers la disparition des sacs en plastique au Kenya ? C’est en tout cas ce qu’espère l’Autorité nationale de gestion de l’environnement (Nema) qui a récemment annoncé une mesure gouvernementale interdisant l’utilisation de sacs en plastique pour la collecte des déchets organiques dans le pays d’Afrique de l’Est. Ce sont les déchets de cuisine (restes de nourritures, épluchures, marc de café, filtres en papier, pain, laitages, croûtes de fromages, fanes de légumes, fruits et légumes décomposés), les déchets de jardin (tontes de pelouses, feuilles, tailles de haies, fleurs fanées), ou même les déchets de maison (mouchoirs en papier, essuie-tout, cendres de bois, sciures, copeaux, papier journal, plantes d’intérieur, etc.).
Pour remplacer le plastique, la Nema préconise l’utilisation des sacs poubelles 100% biodégradables. « Tous les gouvernements des comtés et les prestataires privés de services de gestion des déchets agréés par la Nema sont tenus de fournir à leurs clients des sacs poubelles 100 % biodégradables », peut-on lire dans le communiqué de l’organisme public kenyan.
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Les déchets triés, puis collectés, devront être transportés vers une installation de traitement dédiée. En interdisant l’utilisation des sacs poubelles en plastique, l’objectif est de réduire la pollution plastique qui gagne du terrain au Kenya. Le pays de près de 56 millions d’habitants produit quotidiennement 480 tonnes de déchets plastiques par jour, soit 20 % des 2 400 tonnes de déchets générés par jour selon un rapport 2021 de la Banque mondiale. Et ce, malgré la loi de 2017 interdisant les sacs en plastique à usage unique pour un usage domestique et commercial.
Une mesure incomplète selon Greenpeace
Les ménages, les secteurs privé et public, les institutions religieuses et les agents de l’évènementiel ont 90 jours pour s’arrimer à cette nouvelle directive, soit dès le 8 juillet prochain à compter de la date de publication du communiqué de la Nema, le 8 avril 2024.
« Bien que nous applaudissions le gouvernement du Kenya pour ses actions décisives, en commençant par l’interdiction des sacs de transport en plastique en 2017 et maintenant avec l’utilisation obligatoire de sacs à ordures biodégradables pour la collecte des déchets organiques, nous appelons à une plus grande ambition dans l’évolution vers un avenir zéro déchet et sans plastique. Le Kenya devrait donner la priorité aux modèles réutilisables et s’assurer que toutes les alternatives biodégradables sont sûres et contribuent réellement à une économie circulaire, et continuer à être un leader continental dans la lutte contre la crise du plastique », a déclaré Gerance Mutwol, responsable de la campagne plastique de Greenpeace Afrique, dans un article publié sur cette actualité par l’ONG environnementale le 22 avril 2024.
Gerance Mutwol a également insisté sur le fait que les alternatives biodégradables n’étaient qu’une étape temporaire et a préconisé de mettre davantage l’accent sur l’investissement dans des systèmes de collecte réutilisables. Il a par ailleurs demandé des éclaircissements sur la composition des sacs poubelles de remplacement commandés. « Il est essentiel que nous examinions de près ces matériaux « biodégradables ». Le terme ‘biodégradable’ englobe souvent un large éventail de matériaux dont l’impact sur l’environnement varie. C’est pourquoi nous demandons instamment au gouvernement kenyan de fournir des informations détaillées sur la composition et la biodégradabilité de ces sacs afin de s’assurer qu’ils minimisent réellement l’impact sur l’environnement ».
Et alors que se poursuit la 4e session des négociations pour mettre fin à la pollution plastique, ouverte le 23 avril 2024 à Ottawa, au Canada, Greenpeace Afrique en a profité pour appeler à un traité qui donne la priorité à la réduction de la production de plastique et adopte des solutions telles que les systèmes de recharge et de réutilisation pour minimiser l’utilisation et la production de plastique à usage unique. On devrait être fixé sur le contenu de ce traité mondial, à l’issue des négociations d’Ottawa le 28 avril prochain.
Inès Magoum