KENYA : les éléphants et les rhinocéros sortent peu à peu des griffes du braconnage

Par - Publié le / Modifié le

KENYA : les éléphants et les rhinocéros sortent peu à peu des griffes du braconnage©JONATHAN PLEDGER /Shutterstock

Des mesures drastiques, notamment le renforcement de la loi sur la protection des espèces sauvages, ont permis au gouvernement kenyan de réduire de 80 % le braconnage des rhinocéros et des éléphants. Cité en exemple pour la protection de la faune sauvage, le pays est passé à la vitesse supérieure en instaurant la peine à perpétuité, pour mettre définitivement fin au trafic illégal des animaux.

Selon les dernières informations officielles, 9 rhinocéros et 60 éléphants ont été tués par des braconniers en 2017 au Kenya. Ces chiffres sont deux fois inférieurs à ceux de l’année précédente, avec respectivement 14 et 96 morts. Il s’agit d’une très forte chute par rapport aux chiffres catastrophiques de 2012, année où le Kenya avait enregistré le décès de 30 rhinocéros et celui de 384 éléphants.

Comparé à cette époque, le braconnage a globalement chuté de 80 %. D’après le ministère de l’environnement kenyan, le braconnage des rhinocéros a diminué de 85 % tandis que celui des éléphants a chuté de 78 % entre 2013 et 2017. Cette amélioration de la tendance n’est cependant pas le fait du hasard. Ce pays d’Afrique de l’Est, dont la faune sauvage constitue (à travers le tourisme) un pilier de l’économie, a engagé des mesures strictes pour contrer l’abattage et le commerce illégal d’espèces protégées.

La peine à perpétuité pour les braconniers

Confronté à la montée inquiétante des massacres d’espèces sauvages, notamment les rhinocéros (1000 animaux) et les éléphants (34 000 individus), classés sur la liste des espèces vulnérables par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), le gouvernement n’est pas resté les bras croisés. En 2014, la ministre de l’Environnement d’alors, Judi Wakhungu a obtenu du parlement un renforcement de la loi sur la protection des espèces protégées. Celle-ci prévoit notamment une amende record de 20 millions de shillings kenyans, soit près de 170 000 euros, et une peine d’emprisonnement à perpétuité. C’est ainsi qu’un célèbre trafiquant d’ivoire a été condamné à vingt ans de prison en 2016.

« Au-delà de l’aspect répressif, nous avons mis sur pied des moyens pour protéger davantage la faune. Nous avons regroupé les actions des différentes agences de protection de la faune sauvage et de la police. Nous avons aussi renforcé les équipes de rangers et leurs chiens qui font un travail extraordinaire. Nous avons surveillé les points d’entrée et de sortie des réserves. C’était et c’est toujours une préoccupation importante au Kenya » a expliqué l’ancienne ministre kenyane de l’Environnement, aujourd’hui ambassadrice du Kenya en France.

Grâce à ce durcissement de la loi et aux mesures d’accompagnement, le Kenya est devenu un modèle en Afrique dans la lutte contre le braconnage. Sur le continent, le trafic d’animaux sauvages est le troisième plus gros commerce illégal. Un crime environnemental qui met en danger le patrimoine naturel des Africains et l’activité touristique sur le le continent, et qui coûte chaque année plus de 70 milliards de dollars aux pays africains relativement souples en termes réglementation anti braconnage. Les peines de prison maximales pour trafic de faune sont de 5 ans au Congo, 3 ans au Cameroun, et jusqu’à dix ans au Bénin. Au Gabon où la peine maximale est de 6 mois, au total 371 kg d’ivoire, ainsi que 31 peaux de panthère ont été saisis par les autorités en 2017.

Boris Ngounou

___________________________________________________

À NOS LECTEURS 

Cet article, initialement publié en décembre 2018, a connu une importante mise à jour afin de mieux restituer la volonté des autorités kenyanes concernant la lutte contre le braconnage. Nous avions initialement annoncé la peine de mort pour les tueurs d’éléphants et de rhinocéros au Kenya. Car, comme bien d’autres journaux, Afrik 21 s’était lui aussi basé sur un article de l’agence de presse chinoise Xinhua, pour annoncer cette nouvelle, qui s’est révélée fausse.

Le journal Le Monde a récemment rappelé que l’information avait été démentie par le ministre kenyan du Tourisme et de la Faune. Joint dès mars 2019 par le site de vérification d’information Africa Check, le ministre Najib Balala s’était désolidarisé des propos qui lui avait été attribués par l’agence de presse chinoise. Les journalistes d’Africa Check ont par ailleurs démontré l’absence du ministre à l’évènement au cours duquel Xinhua prétendait que l’annonce avait été faite.

En revanche, le ministre Najib Balala s’était bien exprimé en faveur de la peine perpétuité pour les auteurs de braconnage : « Nous allons changer nos lois. Quiconque est attrapé avec de l’ivoire ou en train de tuer des animaux sauvages sera emprisonné à vie. C’est ce que nous voulons faire » avait-il déclaré en mars 2018. Compte tenu des éléments rapportés par Africa Check, il nous est paru opportun de corriger le contenu de cet article.

Plus sur le même thème

Plus dans la même région

Nous respectons votre vie privée

Ce site utilise des cookies et des technologies statistiques pour améliorer votre expérience. En cliquant j'accepte, vous donnez votre accord.

J'accepte
X
Newsletter AFRIK 21