« Aujourd’hui à 11 h 30, nous avons mis en service 175 turbines », c’est par ce tweet laconique que Lake Turkana Wind Power (LTWP) a annoncé, le 10 octobre 2018, la vente des premiers mégawatts d’électricité à Kenya Power (KPLC). La construction de la centrale de LTWP s’est achevée depuis mars 2018. Encore fallait-il raccorder cette installation au réseau national… La ligne de transmission de 428 km devait être installée dans la foulée par la société Grupo Isolux Corsan. Mais l’entreprise espagnole a rencontré des difficultés financières qui expliqueraient le retard pris sur ce lot.
La ligne électrique à haute tension à 400 kv, finalement installée, va désormais permettre de transporter progressivement l’énergie produite par les 365 éoliennes du Lac Turkana. LTWP offre une capacité de production de 310 MW, capable d’alimenter 330 000 foyers au Kenya. Le parc représentera 15 % de la production totale du Kenya qui s’élève à 2 351 MW.
Un investissement majeur
LTWP fait partie des investissements majeurs dans les énergies renouvelables au Kenya, avec un coût total qui dépasse les 850 millions de dollars. Le projet a fait l’objet d’une mobilisation financière sans précédent. Il a donc reçu le financement de nombreuses institutions financières : la Banque africaine de développement (BAD), très investie dans les questions énergétiques en Afrique, Standard Bank of South Africa, Nedbank, très en pointe sur le financement de projets privés d’énergie renouvelable en Afrique du Sud, la Banque européenne d’investissement (BEI)…
La Banque mondiale s’était engagée à soutenir ce projet. Mais en 2012, l’institution financière a décidé de se retirer, craignant pour sa rentabilité. Plus précisément, le directeur pays du Groupe de la Banque mondiale au Kenya, Johannes Zutt, a déclaré à cette époque que le pays pourrait se retrouver avec un surplus d’électricité sur le réseau électrique d’une valeur pouvant atteindre 100 millions de dollars par an.
Impact économique et environnemental LTWP
LTWP affirme de son côté que le parc éolien réduira la dépendance du Kenya au diesel et à certaines centrales thermiques fonctionnant aux pétroles lourds. Les importations de combustibles pour les centrales thermiques coûtent actuellement 150 millions de dollars par an au contribuable kenyan. Leur remplacement permettrait donc de dégager une recette nette de 35 millions de dollars par an et 673 millions de dollars de recettes fiscales, sur une période de 20 ans… Pendant la phase de construction, environ 2 500 personnes ont été embauchées. Après sa mise en service définitive, LTWP continuera d’employer plus de 200 personnes au Kenya.
Jean Marie Takouleu