Le gouvernement russe vient d’apporter son soutien financier à un projet de lutte contre la prolifération de la jacinthe d’eau sur la partie kenyane du lac Victoria. La pollution est à l’origine de la prolifération de cette plante envahissante.
Le gouvernement du comté de Kisumu au Kenya vient d’obtenir un financement pour la lutte contre la jacinthe d’eau. Il provient de la Russie qui alloue 7 millions de dollars pour combattre cette plante envahissante qui occupe de plus en plus d’espace sur le lac Victoria.
Telle une traînée de poudre, la jacinthe d’eau s’étend sur le lac Victoria. Ce phénomène est causé par la pollution du lac, notamment par les eaux usées qui s’y déversent. Elles proviennent des grandes villes qui bordent cette étendue d’eau douce située en plein cœur de la région des Grands Lacs d’Afrique de l’Est. « Les eaux usées non traitées engendrent l’eutrophisation de l’ensemble du lac et fournissent un environnement fertile aux mauvaises herbes envahissantes comme la jacinthe d’eau. Conséquence : les stocks de poissons s’épuisent », constatait récemment Naoko Ishii, la directrice générale du Fonds pour l’environnement mondial (FEM).
Un important projet de dépollution
La jacinthe d’eau forme une épaisse couche au-dessus du lac Victoria, empêchant toute embarcation de naviguer sur la zone contaminée. Pourtant, le lac est au cœur des échanges économiques entre les pays de la sous-région. C’est dire l’importance du financement russe.
Il permettra la mise en œuvre d’un projet initié par le gouvernement du comté de Kisumu en partenariat avec l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud). La FAO s’occupera de la gestion durable des terres et des aspects de la politique environnementale, tandis que le Pnud se concentrera sur les aspects liés à l’économie.
Concrètement, le projet permettra d’apporter un appui aux investisseurs privés pour la valorisation de la jacinthe d’eau. Cette plante peut servir à la production de biogaz, un produit très épuré capable de remplacer le gaz ordinaire ou bien à même d’éviter les coupes abusives de bois par les populations vivant dans les zones rurales.
La valorisation de la jacinthe d’eau
Plusieurs entreprises locales, nationales ou internationales s’intéressent déjà à la valorisation du biogaz au Kenya. C’est le cas du groupe pharmaceutique anglo-suédois, AstraZeneca qui s’est associé à Cambridge Institute for Sustainability Leadership (Cisl), un institut de recherche basé en Angleterre, pour construire 50 biodigesteurs à Dunga Beach dans le comté de Kisumu.
Le but visé par le projet du gouvernement de Kisumu est de débarrasser le lac Victoria de la jacinthe d’eau sur au moins 14 000 hectares. Il s’étendra sur une période de trois ans. Selon le gouvernement, le projet devrait bénéficier à 4,5 millions de personnes qui ont en partage le lac Victoria dans les comtés de Kisumu, Busia, Migori, Homa Bay et Siaya.
« Ce programme s’inscrit dans le cadre de l’appui du gouvernement russe au développement durable de l’Afrique, à l’Agenda 2063 de l’Union africaine, à la Vision 2030 du Kenya et à son Big Four Agenda. Nous sommes impatients de travailler en partenariat avec le gouvernement du Kenya et l’équipe de l’ONU au Kenya pour développer le potentiel du pays dans la réalisation des Objectifs de développement durable (ODD) de l’ONU », a affirmé Dmitry Maksimychev, l’ambassadeur de Russie au Kenya.
Pour mémoire, le Big Four Agenda est un vaste plan de développement annoncé par le président kenyan Uhuru Kenyatta après sa réélection en 2017. Il s’agit d’engager l’économie du Kenya sur la voie de l’émergence d’ici 2022. Dans ce cadre, la dépollution du lac Victoria constitue un enjeu important.
Jean Marie Takouleu