L’entreprise allemande Strabag International a décidé de suspendre les travaux de construction du barrage de Thiba dans le comté de Kirinyaga au centre du Kenya. Ce barrage doit servir à alimenter des systèmes d’irrigation qui permettront d’accroître sensiblement la production agricole.
Le chantier de construction du barrage de Thiba est à l’arrêt. La décision est à mettre sur le compte de Strabag International, l’entreprise qui effectue la construction. Selon cette société basée à Cologne, en Allemagne, la suspension des travaux est due à un défaut de paiement du gouvernement central kenyan.
« On nous a demandé de rentrer chez nous jusqu’à nouvel ordre parce que la compagnie n’a pas d’argent pour nous payer et pour financer le projet », indique un travailleur du chantier, répondant à la presse locale. Selon une source proche de Strabag International, l’entreprise réclame le paiement d’un milliard de shillings kenyans, soit près de 10 millions de dollars.
Un barrage destiné à l’irrigation
La suspension des travaux sur le site du barrage de Thiba signifie que les 300 ouvriers du chantier se retrouvent au chômage. Face au tollé provoqué par cette situation, Joseph Irungu, le secrétaire principal du ministère kenyan de l’Eau et de l’Irrigation s’est rendu dans le comté de Kirinyaga pour visiter le chantier. Ce dernier est achevé de 30 % depuis le démarrage des travaux en mars 2018.
« L’argent devant servir à payer l’entrepreneur (Strabag International) sera pris en compte dans le budget supplémentaire et il ne devrait y avoir aucune raison de s’alarmer », a lancé Joseph Irungu. La retenue d’eau que l’entreprise allemande construit est située sur la rivière Thiba, à 130 km de la capitale Nairobi. Elle disposera d’une hauteur de 40 sur 1 km de largeur. Le barrage sera capable de retenir 15 millions de m3 d’eau. Il sera doté d’un évacuateur de crues qui évitera les inondations pendant la saison des pluies.
Dans le réservoir du barrage, Strabag installera des prises d’eau qui, grâce aux conduites, achemineront l’eau dans des systèmes d’irrigation. Le gouvernement kenyan estime que cela permettra de doubler la surface de production du riz, soit 140 000 tonnes supplémentaires par an. Les agriculteurs du centre du Kenya seront ainsi capables de produire 280 000 tonnes de riz par an. La région est également connue pour la culture de produits comme le maïs et les légumes.
Le projet de barrage de Thiba, qui s’inscrit dans le cadre du programme d’irrigation de Mwea devait normalement s’achever 45 mois après le démarrage. Il nécessitera un investissement de 19 milliards de shillings, soit plus de 186 millions de dollars. Le gouvernement central du Kenya finance le projet avec le soutien de l’Agence japonaise de coopération internationale (Jica).
Jean Marie Takouleu