Les populations de Meru bloquent le projet de réinstallation de la station de traitement des eaux usées de Meru. Elles craignent la pollution des cours d’eau de la région par les effluents issus de la future installation.
Un bras de fer vient de s’engager entre une partie de la population du comté de Meru et le gouvernement du Kenya. Objet de la controverse : le déménagement et l’extension de la station d’épuration du comté. Le gouvernement veut déplacer l’usine de traitement des eaux usées située près du marché de Gakoromone, dans la circonscription de North Imenti pour Rwanyange, un village d’agriculteur. Une initiative qui ne passe pas pour les riverains qui craignent la pollution qu’engendrerait la future installation.
« Notre région est un grenier alimentaire, nous récoltons et transportons des racines d’arroche, des bananes, de la canne à sucre, des choux, des haricots et des choux frisés et des fruits qui mûrissent très vite parce que la région est marécageuse. Nous exigeons que la station d’épuration soit installée ailleurs », explique dans la presse locale Stanley Mutwiri, un agriculteur. Comme lui, ils sont nombreux à craindre que leurs produits agricoles ne soient plus achetés à cause de la présence éventuelle d’une station d’épuration dans la région.
Une procédure judiciaire
Sur le site du projet, toutes les routes d’accès ont été bloquées par les populations qui montrent une résistance farouche. Ils ne se sont pas limités à des actions sur le terrain. Une procédure judiciaire a même été lancée auprès du Tribunal des terres et de l’environnement de Meru.
« La contamination des sources d’eau est une question technique qu’il est préférable de contester en vertu de la loi sur la gestion et la coordination de l’environnement. La nature du projet exige un examen approfondi de l’exhaustivité de l’étude scientifique pour laquelle le permis de la Nema (National Environment Management Authority) a été délivré », explique la juge Lucy Mbugua. Elle a suspendu le projet et transféré le dossier auprès du Tribunal national de l’environnement.
Le financement de la BAD
La procédure judiciaire lancée par les riverains devrait retarder la mise en œuvre du projet de Tana Water Services Board. L’entreprise publique a confié la réalisation du projet aux entreprises Hankuk Engineering Consultants et Ecosite Development Consultants. Objectif : construire des conduites d’acheminement des eaux usées jusqu’au site de Rwanyange. Sur un terrain de 16 hectares, une station d’épuration devrait être construite, ainsi qu’un immeuble abritant des bureaux et des laboratoires. Des logements devraient également être construits pour loger le personnel.
La nouvelle station d’épuration, qui devrait voir le jour à Rwanyange, remplacera celle de North Imenti construite en 1978. Elle était prévue pour desservir 20 000 personnes. Depuis, la population du comté de Meru a augmenté, atteignant à ce jour 156 000 habitants. Du coup, les eaux débordent des étangs pendant la saison des pluies posant des problèmes de santé pour les populations. De plus, « les effluents traités n’atteignent pas les normes biologiques et chimiques requises pour le rejet dans l’environnement », indique John Mbogori, directeur des services techniques du conseil à Tana Water Services Board.
Le projet contesté nécessitera un investissement de 1 milliard de shillings kenyans, soit près de 10 millions de dollars. Le gouvernement kenyan finance le projet en s’appuyant sur un prêt de la Banque africaine de développement (BAD).
Jean Marie Takouleu