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La BAD va consacrer 2 Md$ à la cuisson propre au cours des 10 prochaines années

La BAD va consacrer 2 Md$ à la cuisson propre au cours des 10 prochaines années © BAD

La semaine dernière, la cuisson propre était au cœur d’un évènement de haut niveau à Paris en France. Il s’agit du Sommet sur la cuisson propre en Afrique, coprésidé par le président français Emmanuel Macron, Samia Suluhu Hassan, la présidente de la République-Unie de Tanzanie, Jonas Gahr Støre, le Premier ministre de la Norvège, Akinwumi Adesina, le président du groupe de la Banque africaine de développement (BAD) et Fatih Birol, le directeur exécutif de l’Agence internationale de l’énergie (AIE).

Lors de ce sommet historique consacré à la cuisson propre, le président de BAD a annoncé l’engagement de son institution à consacrer 2 milliards de dollars au cours des 10 prochaines années à l’accès à la cuisson propre. Cela correspond à 200 millions de dollars par an. La BAD devient ainsi la première institution de financement du développement à inscrire la cuisson propre parmi ses priorités en Afrique.

La déforestation et la pollution

Il s’agit pourtant d’un sujet avec des enjeux à la fois sur le plan économique, climatique et sanitaire. « L’accès à une cuisson propre, c’est plus qu’une question de cuisine, c’est une question de dignité… C’est bien plus que l’allumage des cuisinières, c’est une question existentielle. C’est une question d’équité, de justice et d’égalité pour les femmes », a affirmé Akinwumi Adesina.

Conséquence, 200 millions d’hectares de forêt, dont 110 millions en Afrique, sont menacés par les effets climatiques de la cuisson au charbon de bois, à la biomasse et au bois, selon les chiffres de l’AIE. Parmi les pays africains les plus affectés par la déforestation liée à la production du charbon de bois figure la République démocratique du Congo (RDC).

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Dans ce pays situé au cœur du bassin du Congo, les arbres sont abattus à tour de bras pour la production du charbon, y compris dans le parc national des Virunga.   D’ailleurs, le charbon de bois constitue la source d’énergie de 90 % des habitants à l’Est de la RDC, selon le Fonds d’innovation pour le développement (FID). Face à cette crise qui concerne la plupart des pays subsahariens, la présidente tanzanienne Samia Suluhu Hassan a appelé, lors du sommet de Paris « à une prochaine reconstitution généreuse des ressources du Fonds africain de développement (FAD), qui comprenne 12 milliards de dollars pour la cuisson propre ».

L’engagement de la France et de la Norvège

Pour sa part, le président français Emmanuel Macron a promis d’investir « 100 millions d’euros sur cinq ans dans des solutions de cuisson propre et de mobiliser davantage grâce au Pacte de Paris pour les peuples et la planète et à la Finance en commun ». La Norvège devrait y consacrer 50 millions de dollars.

Malgré les promesses de financement de 2,2 milliards de dollars enregistrées à Paris, beaucoup reste à faire pour parvenir à l’accès universel à la cuisson propre en Afrique, d’autant plus de 1,2 milliard d’Africains continuent de cuire leurs aliments au feu de bois ou avec d’autres combustibles fossiles. Conséquence, « sur 10 ans, 6 millions de personnes, principalement des femmes, mourront prématurément. C’est inacceptable », a déclaré le président de la BAD à Paris. Il faudra investir 8 milliards de dollars chaque année en Afrique pour parvenir à l’accès universel à la cuisson propre. Nous sommes encore très loin du compte.

Jean Marie Takouleu

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