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La décentralisation : une solution de raison face aux pénuries d’eau en Afrique ?

La décentralisation : une solution de raison face aux pénuries d’eau en Afrique ? © Shutterstock

Plusieurs pays du continent africain sont concernés par les pénuries d’eau. Mais le phénomène s’est aggravé ces dernières années en Afrique du Nord, réputée pour son climat aride et désertique. Et les prévisions d’experts renforcent l’inquiétude des Maghrébins pour les prochaines années. Dans son rapport Aspects économiques de la pénurie d’eau au Moyen-Orient et en Afrique du Nord : Solutions institutionnelles, publié il y a quelques jours, la Banque mondiale estime que d’ici à la fin de cette décennie, la quantité d’eau disponible tombera sous le seuil absolu de pénurie, fixé à 500 m3 par personne et par an.

Le rapport indique que 25 milliards de m3 supplémentaires d’eau seront nécessaires par an pour répondre aux besoins de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (Mena) d’ici à 2050. Cette situation exige des réponses rapides, notamment les investissements dans les ressources en eau non conventionnelle à l’instar du dessalement de l’eau de mer. Il faudrait alors construire au moins 65 usines de dessalement de la taille de celle de Ras Al Khair. Considérée comme la plus grande station de dessalement de l’eau de mer au monde, l’installation située en Arabie saoudite affiche une capacité de plus d’un million de m3 par jour.

Le financement du dessalement

Mais cette solution nécessite des investissements que certains pays peinent encore à mobiliser malgré l’ouverture du dessalement aux partenariats public-privé (PPP) dans certains pays comme l’Égypte. Pour maximiser les possibilités d’accès aux financements climatiques et aux marchés financiers mondiaux, le rapport indique que les gouvernements de la région Mena devront mettre en place des institutions capables de convaincre « ces marchés que les pays sauront générer des recettes pour honorer le service de la dette ».

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Outre l’exploitation des ressources en eau non conventionnelles, le rapport préconise également une plus grande délégation de pouvoir aux autorités locales en matière de gestion de l’eau, et ce dans le cadre d’une stratégie nationale. Car, « les institutions qui gèrent aujourd’hui la répartition de l’eau entre des usages concurrents (en particulier pour l’agriculture et dans les villes) sont souvent très centralisées et technocratiques, ce qui limite leur capacité à rendre des arbitrages pour l’utilisation de l’eau au niveau local », indique le rapport.

L’autonomisation des entreprises de services de l’eau

Selon la Banque mondiale, une telle réforme pourrait légitimer des décisions difficiles, notamment des restrictions, contrairement à des directives imposées par « des ministères éloignés du terrain ». « L’octroi d’une plus grande autonomie aux entreprises de services d’eau pour qu’elles puissent se rapprocher de leurs clients et les informer des changements de prix pourrait également permettre de mieux faire accepter et respecter les structures tarifaires, et de ce fait limiter les risques de contestations et de troubles publics au sujet de l’eau », souligne Roberta Gatti, économiste en chef de la Banque mondiale pour la région Mena, qui a participé à Rabat au Maroc à la présentation du nouveau rapport.

Le Royaume chérifien a déjà opté pour la décentralisation de certains services publics de base comme l’eau, l’électricité et les déchets. La région de Rabat-Salé-Témara a par exemple choisi de déléguer la gestion de son service public de l’eau potable à Redal, la filiale du groupe français Veolia. Pour sa part, la région du Grand Casablanca a confié ce service à Lydec, désormais une filiale de Veolia, après avoir appartenu au groupe français Suez jusqu’en janvier 2022.

Jean Marie Takouleu

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