Pour atteindre sa neutralité carbone d’ici à 2045, l’Allemagne a besoin de partenaires stratégiques tels que le Maroc. Berlin et Rabat viennent de sceller l’Alliance énergie-climat axée sur le développement des énergies renouvelables et de la filière hydrogène vert dont les dérivés seront bientôt indispensables pour l’économie mondiale.
Les relations entre l’Allemagne et le Maroc, vieilles de 68 ans, se densifient au fil du temps, notamment dans leurs échanges commerciaux qui ont frôlé les 4,9 milliards d’euros en 2022. Cette coopération ira encore plus loin grâce à l’Alliance énergie-climat que les deux pays viennent de sceller à l’occasion de la première session du Dialogue stratégique germano-marocain qui s’est tenue récemment dans la capitale allemande.
Berlin et Rabat vont donc collaborer sur le renforcement de l’adaptation au changement climatique, le développement des énergies renouvelables et de l’hydrogène vert. « Le Maroc dispose d’excellentes conditions pour produire de l’électricité à partir du vent et du soleil, avec laquelle il peut couvrir les besoins de sa propre économie et, à l’avenir, commencer également à exporter de l’hydrogène vert vers l’Allemagne », indique le ministère fédéral allemand de la Coopération économique et du Développement (BMZ).
L’intérêt est trop grand pour les autorités allemandes puisque l’hydrogène produit depuis le royaume chérifien sera exporté vers l’Allemagne au profit des industries berlinoises et bavaroises dont le bilan carbone est très controversé. Cette nouvelle énergie est une alternative moins polluante, car sa combustion n’émet pas de CO2 à l’origine du réchauffement climatique, mais plutôt de l’eau et de la chaleur.
Pourquoi le Maroc ?
Mais il est impossible pour l’Allemagne de cheminer toute seule dans cette filière naissante qui nécessite du foncier et un potentiel solaire et éolien qu’elle n’a plus forcément aujourd’hui. En alliés, les Allemands et les Marocains vont mutualiser leurs efforts pour pouvoir s’imposer sur ce nouveau marché énergétique à travers l’exploitation des dérivés de l’hydrogène que sont par exemple l’ammoniac vert utilisé dans l’agriculture et le carburant synthétique de plus en plus envisagé par certaines compagnies aériennes. Les enjeux sont donc stratégiques pour cette Alliance énergie-climat.
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L’autre facteur qui justifie le choix du Maroc est qu’il figure dans le Top6 des pays du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (Mena) disposant d’un « fort potentiel de production et d’exportation d’hydrogène vert », selon le Forum économique mondial. Le Maroc fait également partie des 13 pays membres (avec la Côte d’Ivoire, l’Égypte, l’Éthiopie, etc.) du Compact with Africa. Cette initiative du gouvernement fédéral allemand appuyée par le Groupe des 20 États les plus développés (G20) vise à réaliser un approvisionnement énergétique respectueux du climat, entre autres. Une enveloppe de 4 milliards d’euros a été annoncée pour cela au second semestre 2023.
Benoit-Ivan Wansi