Les autorités de l’Agence de protection de l’environnement du Liberia (EPA) ont ordonné le renvoi de quatre conteneurs à leur envoyeur. La cargaison en provenance de la Grèce avait été introduite en contrebande au Liberia, alors qu’elle contenait des déchets chimiques dangereux pour la santé et pour l’environnement.
Le Libéria refuse de devenir le dépotoir des déchets toxiques produits par les pays développés. Le 2 janvier 2020, l’unité anti-contrebande du port de Monrovia a mis en quarantaine quatre conteneurs de 40 pieds. Et ce après avoir constaté qu’une odeur inhabituelle et nauséabonde se dégageait de ces conteneurs venus de la Grèce, et qui avaient été illégalement introduits au Liberia par Republic Waste Services, une entreprise américaine de gestion des déchets.
Les soupçons des autorités portuaires ne vont pas tarder à être confirmés par l’Agence de protection de l’environnement du Liberia (EPA). Lors d’une conférence de presse donnée le 10 janvier 2020 à Monrovia, la capitale, l’EPA déclare qu’une analyse des échantillons a permis de constater que les quatre conteneurs sont remplis de déchets toxiques. Les tests ont confirmé entre autres, la présence de trois composés organiques dangereux : le 1 — butane, le 1-hexane et le 1-octene. Des déchets dont le recyclage est interdit en Grèce, en raison de leur dangerosité pour l’environnement et la santé humaine.
Conformément à l’article 55-1 de la loi sur la protection et la gestion de l’environnement (EMPL) du Liberia, qui interdit l’importation illégale au Liberia de tout déchet ou substance dangereux, l’EPA a ordonné avec effet immédiat, le rapatriement des quatre conteneurs à leur expéditeur (Stayropoulou Dimitra) en Grèce. « A notre avis, l’expéditeur cherchait un dépotoir sûr, sous prétexte de vendre des matières recyclables. Malheureusement le dépotoir dans ce cas, était le Liberia » a déclaré le Dr Blama, directeur général de l’EPA.
L’Afrique, la poubelle de l’Europe
Bon nombre de pays développés prônent une économie circulaire, en recyclant leurs déchets. Sauf que, dès qu’il il s’agit de déchets toxiques, ceux-ci sont le plus souvent exportés. Outre l’Asie, leur destination s’avère être aussi l’Afrique. Le continent est de ce fait submergé de déchets. Des décharges sauvages apparaissent et plusieurs pays, dont l’Éthiopie, le Congo, le Burkina Faso, le Mozambique, le Mali ou le Niger voient leurs décharges déborder d’ordures ménagères, mais aussi de matériaux toxiques ou d’équipements électroniques, venus de pays développés.
L’affaire du Probo Koala, un cargo affrété par la multinationale Trafigura, en est une parfaite illustration. En 2006, la cargaison toxique de ce navire en provenance du Panama, transportant plusieurs tonnes de déchets toxiques, avait déversé sa cargaison mortelle à Abidjan en Côte d’Ivoire, faisant officiellement dix-sept morts et 43 000 intoxications.
Une catastrophe qui aurait pu être évitée, si seulement les accords internationaux sur le trafic des déchets étaient respectés. C’est le cas de la convention de Bâle, entrée en vigueur en 1992. Elle interdit l’importation et l’élimination des déchets dangereux des pays industrialisés dans les pays en développement. Ce traité international établit une procédure qui comprend des exigences strictes et nécessite le consentement du pays destinataire pour tout mouvement transfrontalier de déchets dangereux.
Boris Ngounou