L’organisation Les Amis de la Terre Pays-Bas réclame un accord contraignant sur le financement responsable. L’organisation de protection de l’environnement vient de publier un rapport qui fait du secteur financier néerlandais, le champion européen du financement des projets liés à la déforestation. Trois banques de ce pays situé au nord-ouest de l'Europe, ont accordé des crédits d'une valeur de 3,5 milliards de dollars au cours des 5 dernières années pour des projets de déforestation dans le monde, y compris au Libéria.
Entre 2016 et 2021, les banques néerlandaises ING Group, ABN AMRO et Rabobank ont fourni 3,5 milliards de dollars à des projets agricoles qui ont entraîné la déforestation et des violations des droits humains dans le monde, y compris au Libéria. C’est ce qui ressort du rapport « Le secteur financier néerlandais leader européen dans le financement de la déforestation » publié par les organisations de protection de la nature, Les Amis de la Terre Pays-Bas et Profundo. Les deux organisations ont examiné les flux financiers entre les institutions financières néerlandaises et les entreprises qui traitent des matières premières présentant un risque élevé de déforestation tropicale, notamment, l’huile de palme, le bœuf, les pâtes et papiers, le soja, le caoutchouc, le cacao et le café.
C’est le cas de la banque ABN AMRO, qui en 2017 et en 2018, a fourni un total de 300,8 millions de dollars de financement à la Golden Agri-Resources (GAR), une multinationale singapourienne du palmier à huile présente dans 12 pays, dont le Libéria, à travers sa filiale locale Golden Veroleum Liberia (GVL). En 2018, l’Institut du développement durable (SDI) du Liberia et deux autres organisations avaient déposé des plaintes auprès du High Carbon Stock Approach (HCSA) contre GLV. La plainte était basée sur des études portant sur la destruction des forêts par GVL, soit près de 1 000 hectares de forêt à la riche biodiversité, pour la mise sur pieds de ses plantations, à l’ouest du Libéria. Selon les plaignants, GVL a également violé les intérêts et les droits des communautés locales, tel que le droit à la terre ou le droit au consentement préalable libre et éclairé.
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«Malgré les engagements volontaires des banques et les déclarations du gouvernement (néerlandais), le financement néerlandais d’entreprises liées à la déforestation et aux violations des droits humains se poursuit », déplore Danielle van Oijen de l’ONG Les Amis de la Terre Pays-Bas. « Par conséquent, nous appelons à des obligations légales pour le secteur financier et à une réorientation de la finance vers l’agroécologie et la gestion communautaire des forêts. » propose-t-il. Selon les chiffres officiels, le secteur de l’huile de palme emploie plus de 220 000 personnes au Libéria. Et depuis 2008, le gouvernement de ce pays d’Afrique de l’Ouest y a accordé plusieurs concessions, pour une superficie totale estimée à 873 143 hectares.
Boris Ngounou