Avec près de 220 000 employés dans le secteur de l’huile de palme, et l’accord datant de 2018 qui octroie plusieurs concessions foncières à des producteurs d’huile de palme tels que Équatorial Oil Palm, Sime Darby ou Golden Veroleum, l’expansion des plantations de palmiers à huile est remarquable au Libéria. L’huile de palme est ainsi devenue le premier produit d’exportation du pays, devant le fer. Cependant, cet essor de la production d’huile de palme au Libéria n’est pas sans conséquence sur la nature.
D’après le militant écologiste Alfred Brownell, le développement de la production de l’huile de palme empiète sur les forêts communautaires, et contribue au déplacement des exploitants agricoles, sans leur proposer une alternative viable. Lauréat du Prix Goldman 2019 pour l’environnement, l’écologiste avait mené une série d’actions, contribuant à la protection de près de 200 000 hectares de forêts destinés à être convertis en palmeraies par des sociétés étrangères.
Mais pour d’autres acteurs de la protection de l’environnement, la démarche a été plutôt conciliatrice. C’est le cas de Solidaridad Libéria, une ONG fondée en 1969, dans le but de faciliter le développement de chaînes logistiques socialement responsables, écologiques et rentables.
Conciliation entre Production d’huile de palme et préservation de la nature
Solidaridad Libéria et l’Ambassade des Pays-Bas à Monrovia, ont lancé plusieurs projets, parmi lesquels, le SWAPP. Il s’agit du Programme de palmier à huile durable en Afrique de l’Ouest. Il vise l’intensification durable et une croissance de la chaîne de valeur du palmier à huile tout en respectant le climat. La facilitation de l’accès au financement et l’amélioration des moyens de subsistance des petits exploitants agricoles du Liberia font également partie des objectifs du SWAPP.
C’est dire que la façon dont le palmier à huile est produit au Libéria va connaitre une modification systémique, afin d’encourager une productivité accrue sans expansion dans les forêts. Le projet rassemblera diverses parties prenantes autour d’une vision commune et d’un plan d’action, ainsi que d’une stratégie nationale sur le palmier à huile. Il appuiera le gouvernement libérien pour renforcer son soutien aux agriculteurs et réformer les lois, les politiques et les systèmes d’application.
De son côté, le gouvernement prend à cœur, la question de l’accaparement des terres. Et les inquiétudes suscitées par la déforestation dans les zones de concession ont sérieusement diminué. « Sur les 873 143 hectares de concessions brutes, seuls 15 021 hectares ont été plantés depuis 2010 », a déclaré Ronald Cumberbatch, chef de Good Growth Partnership « Taking Deforestation out of Commodity Supply Chains », un projet de lutte contre la déforestation dans la chaîne de production d’huile de palme, lancé en juin 2018 par le ministère de l’Agriculture du Libéria et le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD).
Boris Ngounou