La Compagnie générale d’électricité de Libye (Gecol) annonce la signature d’un contrat d’achat d’électricité (CAE) pour la centrale solaire de Ghadamès. Le parc sera construit par le producteur indépendant d’électricité irlandais AG Energy.
AG Energy progresse dans le développement de son projet solaire de Ghadamès. Le producteur indépendant d’électricité (IPP) basé à Dublin en Irlande vient de signer un contrat d’achat d’électricité (CAE) avec la Compagnie générale d’électricité de Libye (Gecol). L’entente entre les deux parties devrait permettre la poursuite du développement de ce projet qui vise une capacité installée de 200 MWc.
La centrale solaire qui sera située à 650 km de la capitale Tripoli a déjà obtenu une première approbation de la Gecol et du Conseil libyen de la privatisation et de l’investissement en janvier 2022. Depuis, plusieurs entreprises ont manifesté leur intention d’investir dans la production de l’énergie solaire photovoltaïque en Libye. C’est le cas de la compagnie pétrolière française TotalEnergies qui veut développer une puissance de 500 MW à travers sa filiale Total Eren.
Des investissements sur fond de crise politique
Il y a quelques semaines, W Solar Investment, une société d’investissement d’Alpha Dhabi Holding s’est entendue avec la Gecol pour le développement d’une capacité solaire installée de 2 000 MW en plusieurs phases dont une première de 500 MW. Ces investissements sont annoncés dans un contexte marqué par la recrudescence des délestages. D’ailleurs une coupure prolongée durant la période de la fête de la Tabaski a conduit à des manifestations, notamment à Tobrouk.
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Malgré son fort potentiel, la Libye accuse du retard sur ses voisins d’Afrique du Nord en matière de développement des énergies renouvelables. Ce retard est dû en partie à l’absence de réformes pouvant attirer les investissements d’IPP. Le Conseil libyen de la privatisation et de l’investissement, et la Gecol ont convenu en janvier 2022 de la formation d’un groupe de travail en vue de la mise en œuvre du plan du secteur de l’électricité pour la période 2025-2030.
À terme, le plan devrait permettre d’améliorer l’alimentation en électricité en Libye à partie des énergies conventionnelles (thermiques) et renouvelables. Cette stratégie sera adossée sur les investisseurs privés locaux et étrangers, avec à la clé la mise en place d’un guichet unique regroupant plusieurs services gouvernementaux afin de faciliter les démarches des IPP. Problème, cette volonté de réforme bute sur l’impasse politique dans laquelle se trouve la Libye. Le pays est miné par les divisions politiques, avec un camp basé en Cyrénaïque (à l’est du pays), dont le chef de file est le maréchal Khalifa Haftar, et un gouvernement basé à Tripoli (à l’ouest), dirigé depuis 2021 par Abdelhamid Dbeibah. Malgré des pourparlers sous l’égide de l’Organisation des Nations unies (ONU), les deux parties n’arrivent pas à s’entendre sur la tenue d’élections qui engageraient la Libye sur la voie de la normalisation après près de 11 ans d’instabilité politique.
Jean Marie Takouleu