Le réchauffement climatique est pointé du doigt comme étant la principale cause de la tempête Daniel, qui a dévasté l’Est de la Libye le 10 septembre 2023. Venu de la Grèce en passant par la Turquie et la Bulgarie, le phénomène météorologique extrême a provoqué de gigantesques inondations, tuant de milliers de personnes. Dans son 6e rapport, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) a prévu des scénarios désastreux en Afrique. Les inondations déplaceront 2,7 millions de personnes d’ici à 2050.
La Libye n’avait jamais été aussi endeuillée par des inondations. Plusieurs villes et villages de l’Est de ce pays d’Afrique du Nord, ont été touchés le dimanche 10 septembre 2023, notamment Benghazi, Al Bayda et Battah. L’on ne saurait ne pas évoquer la ville de Derna, où le phénomène a été des plus désastreux. Les pluies ont été si intenses qu’un premier barrage, puis un second ont cédé, faisant déferler un mur d’eau sur la ville de quelque 100 000 habitants.
Le bilan provisoire présenté dans l’après-midi du mardi 12 septembre 2023 par les autorités locales fait état de 2 300 morts. Et l’organisation humanitaire Croissant Rouge ajoute pour sa part, que près de 10 000 personnes sont portées disparues.
Avant d’arriver en Libye, la tempête Daniel, à l’origine des inondations meurtrières, s’est formée le 4 septembre 2023 en Grèce, où des villages ont été ravagés par l’eau et 14 personnes ont été tuées, d’après le bilan officiel. La tempête a transité par la Turquie faisant huit morts, et la Bulgarie où elle a provoqué la mort de quatre personnes.
La thèse d’une catastrophe climatique
Les explications apportées jusqu’ici mettent en avant l’hypothèse du réchauffement climatique. Si les inondations ne sont pas apparues avec le dérèglement climatique, chaque degré supplémentaire accroît la quantité de vapeur d’eau dans l’atmosphère, augmentant les risques d’épisodes de fortes précipitations. Le Centre météorologique national de Libye a déclaré que le niveau des pluies torrentielles était compris entre 150 et 240 millimètres (mm), contre un niveau habituel de 4 mm.
D’après Christophe Cassou, climatologue et directeur de recherche au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) en France, Daniel s’est formé à l’extrémité d’un blocage « Omega », qui est constitué d’un anticyclone avec des températures très élevées au centre, et des pluies aux températures fraîches dans les deux extrémités. Or, les effets entraînés par ce genre de situation sont « dopés » par le changement climatique. « À circulation atmosphérique égale, cet oméga n’aurait pas eu les mêmes impacts dans les années 1950 ou 1960 » explique le chercheur.
Pour être sûr que la tempête Daniel a été provoquée par le dérèglement du climat, il faudra attendre les résultats d’une étude d’attribution. Des chercheurs s’attelleront à établir dans quelle mesure précise le dérèglement climatique a rendu plus probable un tel phénomène climatique.
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Dans le premier volet de son 6e rapport publié le 9 août 2021, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) indique que le réchauffement climatique s’accélère plus vite que prévu. En Afrique, les scientifiques des Nations unies prévoient des déplacements massifs et forcés de nombreux foyers, du fait du réchauffement climatique. Les inondations déplaceront par exemple près de 2,7 millions d’Africains. Dans les zones tropicales de l’Afrique, la pêche sera touchée, avec des captures potentielles en baisse de 40 à 70%.
Boris Ngounou