Plusieurs alertes à la faimine sont émises depuis le sud de Madagascar. La région est durement touchée par trois années successives de grave sécheresse, obligeant les familles des communautés rurales à prendre des mesures désespérées pour survivre. Le Programme alimentaire mondial (PAM) évalue à près de 1,14 million, le nombre d’habitants de la région, ayant des difficultés à manger à leur faim, en raison de ce qui pourrait devenir la première famine au monde causée par le changement climatique.
La rivière Manambolo, l’un des piliers de l’agriculture locale, est complètement asséchée, sur plus de 100 kilomètres d’itinéraire. Le lit de la rivière a laissé du sable brûlant, et les cultures situées le long de son cours ont disparu, faute d’irrigation. « L’impact de la sécheresse varie d’un endroit à l’autre. Si certaines communautés n’ont pas connu de saison des pluies digne de ce nom depuis trois ans, la situation peut être encore pire à 100 kilomètres de là. J’ai vu des villages entourés de champs desséchés, et des plants de tomates complètement jaunes, voire bruns, à cause du manque d’eau », témoigne Alice Rahmoun, la responsable de la communication du PAM.
La famine menace plus de 80 millions d’Africains
Il n’y a pas qu’au sud de Madagascar que le changement climatique provoque l’insécurité alimentaire des populations. Le phénomène sévit dans plusieurs autres pays du continent. Dans son dernier rapport annuel publié le 23 novembre 2021, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) indique qu’en Afrique subsaharienne, plus de 80 millions de personnes pourraient ne plus être en mesure d’accéder à une alimentation saine en raison du changement climatique.
« Il y a des gens qui meurent de faim et de ses conséquences en Afrique. Quand vous avez faim, votre capacité à résister aux maladies est beaucoup plus faible. Le problème, c’est qu’on ne doit pas attendre qu’il y ait une déclaration de famine dans un pays pour effectivement agir. Il faut agir bien plus tôt, quand on montre des tendances graves par rapport au nombre de personnes en insécurité alimentaire aiguë » affirme Dominique Burgeon, le directeur de la FAO à Genève (Suisse).
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Pour remédier durablement aux crises de famine en Afrique, l’organisation onusienne propose le renforcement de la résilience des populations face au changement climatique. Dans le sud de Madagascar, l’un des deux volets d’actions menées par le PAM, en collaboration avec ses partenaires humanitaires et le gouvernement malgache, consiste à construire des canaux d’irrigation, reboiser les parcelles et accorder une micro-assurance aux petits exploitants agricoles dépourvus de récoltes.
Boris Ngounou