La start-up Jirogasy a réussi à se faire un nom à Madagascar grâce aux solutions solaires qu’elle propose dans de nombreuses communautés et qu’elle produit sur place, notamment grâce à l’usage d’imprimantes 3D. Forte de son succès, la jeune entreprise rêve de développer ses activités dans d’autres pays à travers la création de nouvelles usines sur le continent.
Comment faire décoller le taux d’accès à l’électricité ? C’est une question qui se pose sur l’ensemble du continent africain où plus de 600 millions de personnes n’ont pas accès à l’électricité. À Madagascar, le problème est plus sérieux puisque seulement 24 % de la population aurait accès à l’électricité selon la Banque mondiale.
C’est dans un tel contexte qu’est née la start-up Jirogasy, fruit de la collaboration entre Yann et Lauric Kasay deux Franco-Malgaches qui n’ont pas hésité à installer leur petite entreprise sur la grande île. Les deux frères ont décidé de développer plusieurs solutions qui sont adaptées aux réalités des zones rurales de Madagascar.
Des systèmes « made in Madagascar »
Jirogasy développe à ce jour plusieurs solutions autonomes fonctionnant avec l’énergie solaire. Il s’agit d’abord de son fameux boîtier qui peut fournir de l’énergie à un foyer malgache. Reliée à un panneau solaire, cette solution dispose également d’un système de stockage qui permet au boîtier de fournir de l’électricité après le coucher du soleil.
Il est aussi équipé d’une prise pour le branchement des appareils, ainsi que des bornes multimédias intégrées pour l’écoute de la radio ou de la musique en général. « Pour fabriquer ce kit à Madagascar, on ne peut pas acheter les composantes sur place ou passer une commande sur internet. Dans ce contexte, nous nous adaptons en fabriquant une bonne partie de nos pièces notamment les composantes en plastique via l’impression 3 D », explique Yann Kasay, le cofondateur de Jirogasy.
Le contexte particulièrement difficile pousse la jeune entreprise à trouver des solutions plus locales. Sa principale innovation est l’ordinateur solaire qu’on retrouve aujourd’hui dans plusieurs écoles sur la grande île. De plus, Jirogasy y ajoute les programmes scolaires de Madagascar. Le but est de permettre aux élèves d’avoir accès à des contenus sans nécessairement aller sur internet, un service qui n’est que rarement disponible dans certaines zones rurales. Ces ordinateurs reliés à des panneaux solaires sont également utilisés dans certains centres de santé ou des dispensaires dans les zones reculées.
Le déploiement en Afrique
Jirogasy fabrique aussi des bornes de recharge solaires pour la recharge des tablettes qui sont intégrées à des programmes de formation à Madagascar. Pour le moment, les principaux clients de l’entreprise sont des organisations non gouvernementales (ONG) qui les utilisent dans leurs programmes d’accès à l’éducation ou de développement social.
Mais ces systèmes solaires domestiques pourraient davantage intéresser les entreprises spécialisées dans les distributions de kits solaires à domiciles. Pour le moment, la plupart de ces fournisseurs importent leurs équipements principalement d’Asie, mais aussi d’Europe. Pourtant, acheter les kits solaires fabriqués sur place en Afrique pourrait s’avérer moins coûteux. « À l’origine de Jirogasy, on s’est demandé d’où viennent les kits solaires. On s’est rendu compte que l’Afrique allait être le premier continent à se développer avec du matériel importé, c’est-à-dire sans le développement de l’industrie local. À Madagascar, on crée de la richesse en s’appuyant sur la main-d’œuvre locale », indique Yann Kasay.
À ce jour, la jeune entreprise emploie plus de cinq personnes à Madagascar et prévoit d’en recruter trois autres d’ici le premier trimestre de 2020. Au cours de la même année, les responsables souhaitent étendre les services de Jirogasy en Afrique à travers des « implantations d’usine dans deux à trois pays ». Ils devraient s’appuyer sur des levées de fonds effectués sur la plateforme KissKissBankBank. Par ailleurs, la start-up est actuellement à la recherche de partenaires pour mener à bien ce projet d’expansion.
Jean Marie Takouleu
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