Alors que Madagascar se remet encore de la tempête Ana qui a touché plusieurs pays d’Afrique de l’Est et causé une soixantaine de morts sur l’île, c’est au tour du cyclone Batsirai de balayer ce pays. Avec 92 morts sur le carreau et 50 000 Malgaches déplacés, cette autre catastrophe a déversé des pluies torrentielles pendant deux jours et enchaîné des inondations. Une catastrophe qui a privé les populations d’électricité et détruit les plantations, dans ce pays où 83 % de la population vit en zone rurale selon la Banque mondiale.
Dans la ville de Mahanoro, située à l’Est où se trouve le canal des Pangalanes réputé pour son important potentiel faunique et floral, les vagues de Batsirai ont emporté une partie du cimetière. Les services malgaches de météorologie indiquent que « le cyclone tropical Batsirai devrait bientôt ressortir en mer dans le canal de Mozambique au niveau de la partie nord d’Atsimo-Andrefana ».
Une réponse humanitaire à l’insécurité alimentaire
Face à l’impact de la catastrophe sur l’environnement et le quotidien des populations, plusieurs organismes ont apporté leur appui au gouvernement malgache en vue de limiter les dégâts et d’anticiper sur d’éventuels risques à l’avenir. C’est le cas du Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations unies qui a déjà mobilisé 50 000 tonnes de produits de première nécessité, notamment de l’argent, de la nourriture, de l’eau, des articles d’assainissement et d’hygiène, ainsi que des services de santé et de protection pour les personnes déplacées par les inondations.
À côté de ce déploiement, il y’a le soutien de la Suisse et de son ambassade sur place. Trois expertes en eau et en assainissement sont en mission dans les zones sinistrées de l’île. L’équipe dispose d’une cargaison d’équipements pour l’analyse, la désinfection et la distribution de l’eau potable, d’une valeur de 300 000 francs suisses, plus de 284 000 euros. Pour rappel, la Confédération helvétique avait déjà débloqué 2 millions de francs suisses (1,9 million d’euros) en 2021 pour lutter contre l’insécurité alimentaire causée par la sécheresse qui frappe de plein fouet ce pays d’Afrique de l’Est.
Halte au réchauffement climatique ?
L’Afrique de l’Est s’est habituée ces dernières années à une saison cyclonique de novembre à avril. Une période au cours de laquelle une dizaine de tempêtes traverse le sud-ouest de l’océan Indien, d’est en ouest. En 2018 par exemple, l’île de Madagascar a connu deux tempêtes meurtrières dont les cyclones Ava et Eliakim ayant fait plus de 70 morts. Selon la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR), environ 4,4 millions de personnes sont menacées par les effets de ces catastrophes dans ce pays de 22 millions d’habitants.
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À en croire plusieurs experts, ces tempêtes tropicales et ces inondations de plus en plus intenses, sont liées au réchauffement climatique qui rend l’atmosphère plus humide, et perturbe cependant la saison des pluies notamment dans le sud de Madagascar frappé ces dernières années par une sécheresse prolongée. Lors du sommet de l’Union africaine (UA) qui se tenait en Éthiopie, au moment des affres de Batsirai sur l’île de Madagascar, le président sud-africain, Cyril Ramaphosa a parlé des « pires conséquences de phénomènes associés au réchauffement climatique, comme les sécheresses, les inondations et les cyclones qui touchent les pays africains alors qu’ils n’en sont pas à l’origine ».
Benoit-Ivan Wansi