Le grand sud de Madagascar traverse une sècheresse record. « En 60 ans, nous n’avons jamais vu les sources d’eau tarir. Nous sommes dans l’obligation de rationner notre consommation d’eau. Nous ouvrons l’eau une heure dans la matinée et une heure dans la soirée de 17 h à 18 h » indique Sœur Damien Kœnig, responsable du programme humanitaire à Iléna situé dans le sud-est de la grande île. Aucune goutte de pluie n’est tombée par ici depuis le mois d’octobre 2020. Les sources naturelles d’eau ont presque séché, et dans la capitale, certains quartiers n’ont pas vu couler l’eau des robinets pendant des semaines.
Pour répondre provisoirement à cette pénurie d’eau, le gouvernement et les autorités municipales d’Antananarivo ont entrepris de ravitailler les populations en eau, à partir des citernes. « Pour les grandes villes comme Antanarivo, comme il n’y a pas d’eau au niveau des quartiers on met en place des citernes avec des livraisons et des systèmes d’approvisionnement en eau par camion-citerne » explique Voahary Rakotovelomananstoa, la ministre malgache de l’Eau. Il s’agit de quelque 120 citernes bleues, de 10 000 litres chacune, installées à côté des bornes-fontaines habituelles.
Au-delà des causes climatiques
La longue sècheresse n’a fait qu’aggraver le manque d’eau potable à Madagascar. L’accès à l’eau potable est encore un luxe pour la majorité de la population de ce pays d’Afrique de l’Est. Selon des chiffres publiés en 2017 par l’ONG Wateraid, seulement 50 % des Malgaches ont accès à l’eau potable en milieu urbain. Dans les communes en périphérie de Tananarive l’eau n’est accessible que deux heures par jour. Une situation due à la faible quantité d’eau potable produite, et à la vétusté des infrastructures de distribution. Selon les chiffres officiels, les besoins en eau de la capitale se situent actuellement à 300 000 m3 par jour alors que la Jirama, la compagnie nationale d’électricité et d’eau de Madagascar n’en produit que 200 000 m3 par jour.
Mais cette situation ne devrait plus durer encore longtemps. En 2017 le gouvernement a doté la Jirama d’une enveloppe d’environ 200 millions d’euros, destinés aux travaux de réhabilitations d’infrastructures d’eau, ainsi que la construction de nouveaux réseaux d’eau sur l’île. C’est dans ce cadre que six stations produisant entre 24 000 et 40 000 m3 d’eau par jour sont en construction à Antananarivo.
Boris Ngounou