Les voyants d’alerte pluviométriques ont été déclenchés le mercredi 7 février 2024 dans le Grand Sud de Madagascar, une région déjà très vulnérable aux effets du changement climatique. Les observations satellites ainsi que les stations météorologiques y enregistrent un déficit hydrique important, marqué par des températures d’au moins 35 degrés Celsius et des vents secs qui font tourbillonner la terre rouge.
Les conséquences de cette très faible pluviométrie devraient être ressenties par la population dès le mois de mai 2024, où débutent les récoltes. Le pic d’insécurité alimentaire quant à lui est prévu pour octobre 2024, si les récoltes sont mauvaises. «Madagascar est déjà confrontée à la crise climatique. Et avec le retour d’El Niño, les conséquences pourraient être dramatiques», alerte Reena Ghelani, la coordinatrice des Nations unies sur la crise climatique et le phénomène El Niño, qui a conclu le vendredi 2 février 2024, une visite dans le Grand Sud de Madagascar.
El Niño est un phénomène climatique qui se caractérise par des températures anormalement élevées de l’eau dans la partie Est de l’océan Pacifique sud. Conjugué à la hausse globale de la température à la surface de la terre, ce phénomène aggrave de fait, les effets du changement climatique. L’Organisation météorologique mondiale (OMM) classe Madagascar parmi les 35 pays de la planète considérés « à haut risque » face aux impacts d’El Niño. Sept autres pays africains figurent dans ce top 35, à savoir, l’Afrique du Sud, le Botswana, l’Eswatini, le Lesotho, le Malawi, le Mozambique et le Zimbabwe, où l’impact d’El Niño s’est soldé l’année dernière par de mauvaises récoltes générales et l’assèchement des points d’eau communautaires utilisés par la population, le bétail et pour les besoins de l’agriculture.
Mobilisation de l’aide humanitaire internationale
Selon l’OMM, 2024 pourrait battre le record de chaleur établi l’an dernier sous les effets du réchauffement lié à El Niño. Dans la région du Grand Sud de Madagascar, où environ 45 % de la population de certains districts est confrontée à des niveaux d’insécurité alimentaire aiguë, les acteurs humanitaires craignent que la sécheresse n’amplifie les vulnérabilités existantes. Lors du dernier épisode El Niño en 2015-2016, la région a été frappée par une grave sécheresse. Le coût de la réponse humanitaire qui a duré trois ans a été estimé à 180 millions de dollars.
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Dans le cadre du Plan national de réponse humanitaire (PNRH) 2023-2024, le gouvernement malgache et ses partenaires comptent venir en aide à environ 1,6 million de personnes affamées par la crise climatique. Un plan pour lequel la communauté internationale est appelée à mobiliser 162 millions de dollars.
Boris Ngounou