Les 60 ans d’indépendance de Madagascar seront célébrés sous fond de reforestation. Le président de la République a donné le signal, en procédant au lancement officiel d’une gigantesque campagne de reboisement, le dimanche 19 janvier 2020 à Ankazobe, un district situé à 100 kilomètres (km) au nord de la capitale Antananarivo. Les près de 10 000 personnes présentes à cette cérémonie ont planté jusqu’à 1,2 million d’arbres en une journée. « J’invite tout un chacun à planter des arbres, à préserver l’environnement afin que nos descendants puissent vivre sainement », a déclaré le président Andry Rajoelina.
L’objectif de cette campagne : planter 60 millions d’arbres, en référence aux 60 ans d’indépendance de Madagascar, le 26 juin 2020. Cette initiative audacieuse portée par la présidence de la république n’a cependant pas fait l’unanimité auprès des défenseurs de l’environnement. L’entreprise sociale Bondy, qui avait en premier émis l’idée de planter un million d’arbres en une journée, explique s’être retirée, car « le projet ne répondant plus aux objectifs qualitatifs qu’elle s’était fixé ». Entre autres éléments mis en cause : le site de 500 hectares sur lequel est menée la campagne est localisé dans une zone sujette aux feux de brousse chaque année, et certains plants sont prélevés dans des pépinières de parcs nationaux, où les besoins en reboisement sont importants.
Près de 100 000 hectares de forêt, consumés chaque année par des feux de brousse
La disparition du couvert végétal de Madagascar remonte à la naissance de ce pays d’Afrique de l’Est. Depuis son Indépendance en 1960, la Grande Île a perdu presque la moitié de ses forêts. Et les choses ont empiré à partir de a2010 où près de 10 % de leur superficie ont disparu. Et en 2017, l’Alliance Voahary Gasy, une organisation pour la préservation de l’environnement, avait fait un constat sans appel : le pays a perdu 3,8 % de ses forêts, devenant ainsi le quatrième pays qui a été le plus déforesté dans le monde, après le Brésil, l’Indonésie et la République démocratique du Congo (RDC).
Tout en pointant du doigt l’agriculture sur brûlis, les ONG l’Alliance Voahary Gasy, dénoncent tout aussi « le manque de sanctions contre les criminels environnementaux et ceux qui brûlent les forêts ». À Madagascar, les auteurs de feux de brousse encourent jusqu’à dix ans d’emprisonnement, mais dans les faits, la pratique reste tolérée.
Boris Ngounou