La compagnie malgache d’eau et d’électricité et un partenaire italien vont construire une centrale hydroélectrique à Antananarivo. Associé à deux installations solaires, l’ouvrage produira 35 MW d’électricité pour combler le déficit d’énergie dans la capitale malgache et ses environs.
À Madagascar, les plaintes publiées sur les réseaux sociaux par les internautes à l’encontre de la Jirama, la compagnie nationale d’eau et d’électricité, sont récurrentes et nombreuses. Selon des chiffres publiés par la Banque Mondiale en 2018, seuls 15 % de la population ont accès à l’électricité dans ce pays d’Afrique Australe.
Pour améliorer l’offre en électricité, les autorités du pays misent désormais sur les énergies renouvelables. Une option pour laquelle Madagascar bénéficie d’un fort potentiel : 2 000 kWh/m²/an grâce aux 2 800 heures d’ensoleillement annuel, pour ce qui est de l’énergie solaire.
Mais le nouveau projet énergétique de Madagascar ne s’appuiera pas seulement sur le solaire. Il combinera à la fois le soleil et la force des chutes d’eau. Il s’agit de la construction d’une centrale hydroélectrique à Antananarivo qui comprend également deux installations solaires attenantes. Les trois unités afficheront une capacité totale de 35 mégawatts destinés à l’approvisionnement de la ville d’Antananarivo et ses environs.
D’après la Jirama, le projet sera opérationnel dès 2020. Pour les besoins de la cause, la compagnie nationale de l’eau et de l’électricité, qui est en restructuration depuis le 14 août 2019, a noué un partenariat avec l’italien Tozzi Green, une société spécialisée dans les solutions, les services et les projets pour le développement d’installations et la production d’énergie à partir de sources renouvelables.
Il faudra toutefois faire attention à la biodiversité aquatique
Cependant, la production d’électricité à partir des rivières a été mise dénoncée dans une récente étude menée par l’Institut Leibniz d’écologie des eaux douces et des pêches continentales en Allemagne. Les chercheurs ont compilé des données portant sur 126 espèces de la mégafaune vivant dans les rivières et les lacs du monde entier, ainsi que des informations sur la répartition géographique de 44 espèces en Europe et aux États-Unis. Résultats : entre 1970 et 2012, la mégafaune vivant en eau douce a décliné de 88 %. Le rythme de déclin de ces vertébrés serait deux fois plus rapide que pour les animaux terrestres ou océaniques.
C’est dire que les études d’impacts environnementaux dans les projets hydroélectriques devront être plus accentuées, au vu de l’importante réserve biologique des eaux douces. Les rivières et les lacs ne couvrent que 1 % des surfaces du globe, mais elles abritent le tiers des espèces de vertébrés et près de la moitié des poissons.
C’est peut-être pour pallier cet aspect que Madagascar mise beaucoup plus sur le solaire parmi toutes les ressources en énergies renouvelables. L’ensemble des régions bénéficiant de plus de 2 800 heures d’ensoleillement annuel, la Grande Île est en effet la candidate idéale pour développer le solaire qui pourrait représenter une capacité de 2 000 kWh/m²/an. Un potentiel sur lequel compte l’État pour remplir son objectif : fournir un accès à l’énergie à 70 % des ménages malgaches d’ici 2030.
Pour contribuer à réaliser cet objectif, l’initiative Scaling Solar lancée par la Société financière internationale (IFC), filiale du Groupe de la Banque mondiale, a signé en mars 2016 un accord avec le gouvernement malgache pour concevoir une centrale d’environ 25 MW connectée au réseau d’Antananarivo. Le projet inclut des exigences de stockage de l’énergie solaire par le couplage de la centrale avec des batteries.
Boris Ngounou