Le gouvernement du Malawi vient de demander à SMS Infrastructure et à Plem Construction d’accélérer les travaux dans le cadre du projet d’eau potable de Mulanje, au sud du pays. Cet épisode intervient alors que le pays s’apprête à aller aux élections générales.
Le jeu en vaut la chandelle ! Joseph Mwanamvekha, ministre de l’Agriculture, de l’Irrigation et de la Mise en valeur des ressources en eau au Malawi, vient de demander à SMS Infrastructure et Plem Construction d’accélérer le projet d’eau potable à Mulanje, dans le sud du pays, à la frontière avec le Mozambique. Les deux entreprises réalisent l’un des plus importants chantiers actuels du gouvernement malawien. Objectif : fournir de l’eau potable aux populations de la capitale économique Blantyre, qui est l’une des villes les plus peuplées du Malawi, avec plus d’un million d’habitants.
Le président Peter Mutharika qui est candidat à sa propre succession à la tête du Malawi sait que son avenir politique dans la ville de Blantyre se joue certainement avec ce projet, alors même que les habitants supportent actuellement des interruptions dans l’approvisionnement en eau potable de la ville. Le gouvernement voudrait que SMS Infrastructure et Plem Construction commencent à fournir de l’eau potable aux habitants de la capitale économique avant le 21 mai 2019, date à laquelle se tiendront les élections générales au Malawi. Alors que les deux entreprises avaient prévu de mettre les infrastructures en service en juin 2019…
Un investissement de 23 millions de dollars
Sur le terrain, les travaux avancent. En tout cas, c’est le sentiment que donnent les autorités. En décembre 2018, James Naphambo, le président de l’Office des eaux de Blantyre avait assuré que le projet d’eau potable était achevé à 50 %. « À ce jour, la prise d’eau a déjà été installée et les tuyaux sont posés depuis le plateau du bassin de Chambe vers le pied de la montagne, tandis que la construction de la station de traitement à la sortie de Nguludi est achevée », expliquait alors James Naphambo.
En tout état de cause, SMS Infrastructure et Plem Construction ont pour responsabilité de construire un barrage et une prise d’eau sur la rivière Likhubula. L’eau devrait arriver à la station de traitement Nguludi en empruntant une canalisation. La valeur de ce contrat est de 17 milliards de kwachas, soit 23 millions de dollars. Le projet est financé par le gouvernement avec un prêt contracté auprès d’Exim Bank of India.
L’opposition au projet
Une fois achevé, le projet permettra de fournir chaque jour 20 000 m3 d’eau aux populations de Blantyre. Une capacité de production qui a suscité la colère des habitants de Likhubula (près de la ville de Mulanje), qui craignent que les nouvelles infrastructures ne pompent toute l’eau de la rivière Likhubula, pourtant vitale pour l’économie de cette région montagneuse. Le recours en justice de la part des populations a beaucoup retardé le projet, qui est en cours depuis 2017.
En réponse à la crainte des riverains, le gouvernement a planté des arbres pour protéger le bassin versant de la rivière Likhubula. Il s’est aussi engagé à construire une conduite d’eau pour les populations de la localité. Pour mettre du baume au cœur des villageois, le gouvernement a également fourni des cahiers et des bureaux aux établissements scolaires de Likhubula. Pas sûr toutefois que ces actions empêchent la baisse du débit de la rivière Likhubula à l’avenir.
Jean Marie Takouleu