Le mégaprojet hydroélectrique de Batoka Gorge refait surface, près de cinq années après la signature d’un accord pour son développement. L’Autorité du fleuve Zambèze (ZRA), une organisation appartenant à la Zambie et au Zimbabwe, prévoit de lancer un nouvel appel d’offres pour la mise en place de cet aménagement hydroélectrique, à cheval entre ces deux pays d’Afrique de l’Est. L’appel d’offres annoncé sera ouvert aux soumissionnaires jusqu’au mois d’avril 2025.
Les investisseurs sélectionnés seront annoncés quelques mois plus tard, c’est-à-dire en septembre de la même année. En 2019, les gouvernements zimbabwéens et zambiens se sont mis d’accord pour attribuer le marché à un consortium formé de l’industriel américain General Electric et de Power China. Les deux partenaires prévoyaient de lancer le chantier en 2020. Depuis lors, le projet hydroélectrique a accusé beaucoup de retard, en raison de la pandémie mondiale de Covid-19 qui a fortement ralenti l’économie mondiale.
Un investissement de 5 milliards de dollars
Dans ce contexte, General Electric et Power China n’ont pas réussi à mobiliser les 5 milliards de dollars nécessaires à la mise en œuvre de ce projet. Ces difficultés ont été confirmées en juin 2023 par le ministre zambien de l’Énergie Peter Kapala qui a annoncé dans la foulée, le retrait de son pays de l’accord signé avec les deux entreprises en 2019.
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Le ton est donc donné par la ZRA pour la relance de ce mégaprojet. Mais elle intervient dans un contexte économique difficile, notamment pour la Zambie en défaut de paiement depuis 2020. La situation n’est guère différente au Zimbabwe où la dette était estimée en 2022 à 17,5 milliards de dollars, soit 60 % de son produit intérieur brut (PIB). Depuis, les deux pays ont négocié des accords avec leurs créanciers extérieurs. Mais sont-ils pour autant en mesure de garantir les prêts contractés par les futures concessionnaires. Rien n’est moins sûr pour l’instant.
Quoiqu’il en soit, ces entreprises devront investir jusqu’à 5 milliards de dollars pour la construction d’un barrage avec un mur de 181 m de hauteur, permettant de retenir 1,6 milliard de m3 d’eau sur une superficie d’environ 26 km2. Le réservoir sera long et étroit, s’étendant sur environ 1 km le long du bassin des chutes Victoria. L’eau de la retenue fera tourner les turbines de deux centrales hydroélectriques situées sur les deux rives du fleuve Zambèze. Elles disposeront ainsi d’une capacité combinée de 2 400 MW. Un grand chantier dont l’impact sur les chutes Victoria (classé au patrimoine mondial de l’Unesco) est fortement redouté.
Jean Marie Takouleu