L’or qui représente le principal produit d’exportation du Mali depuis 1999 pourrait devenir sa principale source de malheur si des mesures fortes et efficaces ne sont pas prises. Dans ce pays sahélien d’Afrique de l’Ouest où l’exploitation de l’or remonte à des temps très ancien, les populations se sont lancées de manière effrénée dans des pratiques minières préjudiciables à leur santé et à la nature. Malgré l’interdiction édictée en 2017 par le ministère malien des Mines, les produits chimiques et toxiques sont de plus en plus utilisés dans l’extraction de l’or. La presse locale signale qu’en 2018, un camion rempli de cyanure avait été saisi par le service des douanes dans le cercle de Kéniéba, un site minier situé à l’ouest du Mali.
Pour lutter contre le phénomène, le gouvernement malien a organisé, à travers la Chambre des mines du Mali (CMM), du 16 au 18 septembre 2019 à Kangaba, localité située à 90 kilomètres à l’ouest de la capitale Bamako, un atelier de formation et de sensibilisation des orpailleurs. Environ 200 participants sont désormais sensibilisés à la protection de l’environnement et contre l’usage du mercure et du cyanure dans l’orpaillage. « Le Mali vient d’adopter par ordonnance un nouveau Code minier dans lequel l’interdiction de certaines activités, qui ont des impacts négatifs sur notre environnement, est inscrit, notamment l’utilisation du mercure et du cyanure », a déclaré Abdoulaye Pona, le président de la CMM.
La CMM compte mener la même sensibilisation dans deux autres sites miniers à savoir Sikasso et Kayes, toujours à l’ouest du Mali.
Trouver des alternatives à l’orpaillage pour la société civile
Le cyanure est utilisé pour un traitement rapide de l’or. Le principe repose sur la propriété du cyanure de se complexer et de rendre soluble l’or. Ce procédé chimique est appelé lixiviation. Les résidus chimiques sont mélangés à l’eau, entrainant ainsi sa pollution et la destruction de la vie aquatique. Si certains orpailleurs ignorent ces désastres, d’autres en ont bien conscience. Ainsi la cyanuration des sites miniers se poursuit malgré tout. Mené par les démunis, l’orpaillage artisanal au Mali constitue la première source de revenus, suivi du coton. Selon les estimations de l’ONG internationale Human Rights Watch (HRW), entre 20 000 et 40 000 enfants travailleraient dans le secteur de l’exploitation aurifère artisanale (orpaillage) au Mali. La plupart commencent à travailler dès l’âge de six ans.
Raison pour laquelle, dans son rapport sur le Mali publié en décembre 2011, HRW propose au gouvernement malien d’améliorer les moyens de subsistance des communautés d’orpailleurs en dispensant des formations sur les techniques améliorées d’exploitation minière, en aidant les orpailleurs qui s’efforcent de mettre sur pied des coopératives, et en proposant des activités génératrices de revenus dans d’autres secteurs.
Boris Ngounou