Les populations riveraines du fleuve Bagoé au sud du Mali sont aux abois. L’exploitation de l’or par dragage dégrade leur environnement en répandant des substances toxiques telles que le cyanure et le mercure. Dans une correspondance signée le 30 janvier 2021, le président du Conseil communal de la jeunesse de Fourou a dénoncé cette technique d’orpaillage auprès du gouvernement. Les sociétés minières chinoises sont particulièrement accusées.
Dans une correspondance adressée le 30 janvier au ministre malien des Mines et du Pétrole, les jeunes de Fourou au sud du Mali se plaignent de la pollution minière. Plusieurs entreprises minières appartenant à des Chinois ont investi les berges de Bagoé, le fleuve qui sillonne le village. Des engins tels que les tractopelles et les cracheuses sont mises à contribution dans le cadre d’une technique d’extraction minière appelée le « dragage ». Une méthode particulièrement destructive pour la nature, car faisant également recours à des substances toxiques telles que le cyanure et mercure. « Les sols sont détruits, les eaux contaminées par les produits chimiques, ce qui conduit à la rareté des poissons. Et la sècheresse devient de plus en plus rude à cause de la destruction massive des arbres autour des sites miniers » se lamente Souleymane Diarra, le président de la jeunesse de Fourou.
La technique d’orpaillage par dragage est cependant rependue au Mali. On l’observe également sur la partie malienne du fleuve Niger, et sur le fleuve Falémé dans la région de Kayes à la frontière avec le Sénégal. Conscient des dangers à la fois environnementaux et sanitaires de l’orpaillage par dragage, le gouvernement malien a pris des mesures fortes. C’est le cas par exemple de l’arrêté interministériel du 15 mai 2019, qui suspend les activités d’exploitation aurifère par dragage au Mali. Cette mesure conservatoire d’une durée d’un an était censée mettre fin à cette pratique, le temps que soit achevée la relecture du code minier de 2012 qui prévoit d’ores et déjà, l’interdiction formelle des dragues en République du Mali. S’inscrivant dans un processus d’harmonisation des codes miniers en Afrique, la révision du code minier du Mali prévoit d’autres dispositions environnementales. L’obligation pour tout titulaire de titre minier de réhabiliter les sites miniers et de se conformer aux principes et exigences de la convention de Minamata sur l’utilisation du mercure.
C’est donc à la lumière de ces mesures et de bien d’autres que les autorités étatiques répondront aux désidératas des populations de Fourou. Réagissant aux allégations suspicieuses des habitants de sa commune, le maire de Fourou, Ousmane Ouattara a réfuté toute complicité avec les entreprises minières chinoises, avant d’affirmer que tous les services déconcentrés de l’État ont été informés de la situation.
Boris Ngounou