Le Comité sahélien des pesticides (CSP) a tenu sa 44e session ordinaire du 20 au 25 mai 2019 à Bamako au Mali. La liste des 59 pesticides qui avait été validée lors de la session précédente a été reconduite sans changements. Il s’agit des intrants agricoles jugés non toxiques pour l’homme et la nature.
Premier producteur de coton en Afrique avec plus de 700 000 tonnes en 2018, le Mali entend maintenir son rang à l’issue de la campagne cotonnière 2019, en atteignant la barre d’1 million de tonnes. Cependant, les autorités maliennes ne veulent pas que leur succès agricole ait un impact néfaste sur l’environnement. C’est tout le sens de l’intérêt qu’elles accordent aux travaux du Comité sahélien des pesticides (CSP), réuni en sa 44e session ordinaire du 20 au 25 mai 2019 dans la capitale Bamako.
Le CSP a maintenu intacte sa liste de pesticides adoptée en novembre 2018. Les 59 pesticides classés par ordre alphabétique sont en effet dotés d’une homologation valide pour 5 ans. Leur homologation obéit à plusieurs critères. En plus d’avoir été approuvés par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et l’Organisation des Nations Unies pour l’Agriculture (FAO), ces pesticides doivent également respecter le règlement commun aux états membres du Comité Inter-états de Lutte contre la Sècheresse dans le Sahel (CILSS) sur l’homologation des pesticides, en sa version de décembre 1999. Ce règlement impose aux pesticides homologués d’être efficaces vis-à-vis de l’organisme nuisible visé ; de ne pas être phytotoxiques dans les conditions normales d’utilisation au Sahel ; de ne pas être nocifs pour l’homme et la faune non cible dans les conditions normales d’utilisation au Sahel ; de ne pas avoir d’influence inacceptable sur l’environnement sahélien.
Attention, même homologués, les pesticides ne doivent pas être utilisés de manière abusive
L’usage abusif des pesticides dans une exploitation agricole peut être nocif pour l’environnement, même s’il s’agit des pesticides remplissant les critères d’homologation.
En 2018, les travaux du docteur Rabani Adamou, Chercheur au Département de Chimie de la Faculté des Sciences et Techniques de l’Université Abdou Moumouni à Niamey (Niger), ont révélé d’importantes quantités d’azote ammoniacal mesurées à trois points du fleuve Niger, selon les cas de 12 à 32 en passant par 16 fois plus que la norme (0.05 mg/L). En plus des polluants à l’ammoniac, le chercheur affirme que les engrais NPK azote [N], phosphore [P] et potassium [K] issus des activités agricoles du bassin du fleuve, sont pour beaucoup dans cette pollution des eaux du fleuve Niger.
Le Dr Sylvain Nafiba Ouédraogo, secrétaire permanent de la CSP invite donc les agriculteurs maliens à une utilisation responsable de ces produits. Il conseille par ailleurs l’utilisation par les agriculteurs d’un équipement de protection adéquat. Un équipement qui couvre la protection de la tête ainsi que celle des yeux et du visage, la protection des voies respiratoires, le port de gants, de vêtements spéciaux et de bottes ; car le glyphosate, herbicide déclaré cancérigène aux États-Unis d’Amérique, est fortement utilisé dans les champs de coton africains, en dépit de son caractère nocif.
Boris Ngounou