«Pour nous, le Maroc est la porte d’entrée de l’Afrique», a affirmé Abdulla Falah Abdulla Al-Dosari, l’ambassadeur du Qatar au Maroc. Présent à Casablanca le 24 octobre 2018 lors de l’ouverture du forum Elec Expo, le diplomate qatarien a fait savoir, que les entreprises de son pays sont en train de chercher à nouer des joint-ventures avec de grands groupes marocains, dans le domaine des énergies.
Bien que l’expertise du Qatar soit beaucoup plus reconnue dans les hydrocarbures, ce pays du golf fait partie des nombreuses puissances étrangères (États Unis, France, Allemagne, Japon, Corée, Arabie Saoudite, Émirats) dont les entreprises vont débloquer un investissement de 108 milliards de dirhams marocains, soit environ 10 milliards d’euros, dans divers secteurs, dont celui de l’électricité, qui capte à lui seul une enveloppe de 739 millions d’euros (8 milliards de dirhams marocains). Selon Aziz Rabbah, ministre marocain de l’Énergie, des Mines et du Développement durable, ces investissements vont par ailleurs permettre la création de milliers d’emplois.
Le Maroc qui souhaite intégrer la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao), dispose par la voix de ces investissements, d’un nouvel élément de charme. La sous-région est dotée d’un marché de 1,2 milliard d’habitants dont plus de la moitié n’ont pas accès à l’électricité. Les ambitions du Maroc vont donc contribuer à transformer ces contraintes en opportunités d’investissement pour la réduction du déficit d’électricité dans les pays membres de la Cedeao, et devenir un pool d’énergie pour l’Afrique de l’Ouest.
Le Maroc veut produire 7 fois la quantité d’énergie éolienne installée sur le continent
Les secteurs ciblés par les joint-ventures Maroc-étranger sont : le solaire, l’éolien et l’efficacité énergétique. À titre d’exemple, les besoins additionnels qu’il reste à installer, en éolien, sont estimés à 7 GW alors que le continent n’arrive à produire aujourd’hui que 1 GW. «Nous avons la possibilité de relever ce challenge», a assuré Abderrahim El Hafidi, directeur général de l’Office national de l’électricité et de l’eau potable (Onee).
Le Maroc a affiné sa stratégie énergétique pour mieux répondre aux défis de sécurité d’approvisionnement, d’accès à l’énergie et de préservation de l’environnement. Objectif : porter la part des énergies renouvelables à 42% de la puissance installée, d’ici à 2020, et à 52% à l’horizon 2030. Dans cette perspective, les programmes nationaux concerneront une capacité additionnelle de production d’électricité de sources renouvelables d’environ 10100 MW, dont 4560 MW de source solaire, 4200 MW de source éolienne, et 1330 MW de source hydrique, ce qui permettra de réduire la dépendance énergétique du Royaume de 94% à moins de 82% en 2030.
Boris Ngounou