De plus en plus, les Africains prennent conscience du danger du plastique sur l’environnement et essayent de le contrecarrer. Si au Benin l’utilisation des emballages plastiques non biodégradables est désormais prohibée, au Maroc Saif Eddine Laalej innove en transformant directement les déchets plastiques en matériau de construction.
Tout est parti d’une émission de télévision que ce jeune étudiant de l’École nationale de commerce et de gestion Tanger a regardée en 2016. Il s’agit alors d’un débat organisé autour du lancement d’un projet gouvernemental appelé « zéro Mika » ; une initiative qui vise à lutter contre la prolifération des sachets plastique partout dans le royaume chérifien. L’un des panelistes évoque l’idée de la transformation des déchets plastiques en matériau de construction, tout en présentant ses avantages (le plastique est léger, résiste à l’usure, il est imperméable…).
Le début de son projet
Quelques mois plus tard, il va mener quelques expériences dans le garage de ses parents qu’il transforme en atelier. Il se sert des déchets plastiques qu’il a récoltés avec ses camarades pendant une journée de nettoyage. Il réussit à fabriquer le premier prototype de pavé qu’il baptise Paveco.
L’étudiant entrepreneur prend alors conscience du principal : l’inflammabilité du plastique. Il ajoute d’autres matériaux au plastique (notamment du sable et du ciment), en essayant de trouver le bon mélange, le bon dosage pour réduire son inflammabilité et augmenter sa durabilité. Il lui a fallu trois mois pour découvrir la « recette » parfaite d’un pavé composé à 80 % de plastique et conforme aux normes de l’industrie du revêtement de sol.
Son projet commence à rencontrer du succès lorsqu’il remporte la Coupe sociale Enactus (une ONG qui promeut le progrès social par l’action entrepreneuriale, Ndlr), organisée en partenariat avec son école en 2017. C’est grâce au soutien de cette ONG que Saif Eddine Laalej lance la start-up Zelij Invent avec son amie Houda Mirouche.
Les perspectives de la start-up Zelij Invent
Les jeunes entrepreneurs décident de se pencher sur la fabrication de zelliges marocains (utilisés pour les intérieurs traditionnels) et celle du carrelage. Même si la petite entreprise est encore en train de reproduire des prototypes pour exposition, elle attire déjà l’attention de plusieurs acteurs du domaine de la construction. C’est le cas du cimentier franco-suisse LafargeHolcim qui a décidé de soutenir Zelij Invent dans la recherche et de développement. Récemment, une entreprise de construction a promis à la jeune pousse d’acheter ses pavés pour équiper les maisons en cours de construction.
Un soutien dont a bien besoin la start-up qui évalue ses besoins à 650 000 dirhams soit plus 58 000 euros. Avec cette somme, elle est capable de recycler 2 520 de déchets de déchets plastiques par mois. Il faut noter que 35 kg de cette matière permet de fabriquer l’équivalent en mètres carrés de pavés. Une perspective à la fois avantageuse pour l’environnement et pour la jeune pousse qui suscite déjà la curiosité de plusieurs entreprises qatariennes qui veulent importer cette technique de valorisation des déchets plastique dans leur pays. Chaque année, plus de 6 millions de tonnes de déchets sont produites au Maroc, dont 70 % sont collectés, selon le journal L’Économiste.
Jean Marie Takouleu