Afin de préserver les ressources en eau disponibles, le Maroc mise aussi sur la dépollution en amont. C’est dans cette optique que la Régie autonome de distribution d’eau et d’électricité de Fès (Radeef) a lancé récemment un projet de lutte contre la pollution par les margines, dans la région de Fès-Meknès, en amont du barrage de Sebou où sera pompé l’excédent d’eau pour approvisionner le bassin du Bouregreg, au niveau du barrage de Sidi Mohamed Ben Abdallah.
En effet, la région marocaine abrite plus de 320 000 hectares d’oliveraies, contribuant ainsi à 38 % de la production oléicole totale du royaume. L’huile d’olive est extraite dans quelque 4 810 unités de trituration, représentant une capacité de 769 000 tonnes. Le déchet liquide ou margine, obtenu lors de cette opération serait responsable de 88 % de la pollution industrielle de l’eau à Fès-Meknès. Cette substance noirâtre fortement chargée en matière organique exige une forte consommation d’oxygène entraînant une eutrophisation des eaux.
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Les margines réduiraient également la qualité de sols, car contenant des substances toxiques qui se fixent dans le sol, et provoqueraient l’arrêt des stations d’eau potable et de la station d’épuration de Fès pendant plus de trois mois au cours d’une année. Ce qui cause des préjudices importants à Fès-Meknès, dans un contexte marqué par le stress hydrique. Dans la région peuplée de près de 4,3 millions d’habitants, le Radeef allouera 548 millions de dirhams marocains (environ 50 millions d’euros) à la lutte contre la pollution par les margines.
La construction des stations de traitement des margines
Ce financement sera destiné à la construction de sept stations de traitement des margines, ainsi que de 28 bassins d’évaporation. Ces installations seront construites sur 100 hectares, entre les préfectures de Fès, Sefrou, Moulay Yacoub et Taounate. Les margines y seront acheminées gratuitement par camions-citernes pendant les deux premières années, indique le Radeef.
Mais avant le lancement des travaux proprement dit sur les différents sites, une étude de dépollution oléicole sera réalisée en amont du barrage de Sebou. La réalisation de cette étude nécessitera un financement de 10,5 millions de dirhams marocains (près de 951 000 euros).
Inès Magoum