Quel avenir pour le tourisme à Marrakech ? C’est l’une des questions sans réponse à la suite du tremblement de terre qui compromet la santé économique et environnementale de cette cité de renommée internationale.
Le 8 septembre 2023 restera à jamais gravé dans les mémoires des quelque 1 million d’habitants de Marrakech. Le séisme meurtrier qui a tué au moins 2 500 personnes a fait des plages et des hôtels les principaux refuges pour de nombreux sinistrés. Un week-end de catastrophe qui a favorisé l’annulation de plusieurs réservations (hôtels et compagnies aériennes) à destination de Marrakech, mais aussi précipité le départ de plusieurs étrangers qui profitaient encore de leurs vacances dans la ville la plus visitée du royaume chérifien.
C’est le cas d’une française qui a confié à nos confrères de France Télévisions qu’elle « se trouvait avec son compagnon dans un restaurant » au moment du tremblement de terre. Parmi les sites emblématiques fissurés figure le monument de la Koutoubia vieux de 9 siècles. Il y a aussi la mosquée Kharbouch dont le minaret a été littéralement détruit par les secousses. Ces lieux sont pourtant les plus visités de la Médina de Marrakech (vieille ville dans la culture arabe, Ndlr) elle-même inscrite depuis 1985 au patrimoine mondial de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco).
L’économie et l’environnement à rude épreuve du séisme
D’ailleurs, l’institution s’est engagée par la voix d’Éric Falt son directeur régional pour le Maghreb à « reconstruire les biens culturels endommagés ». Un coup dur pour l’économie marocaine dont les recettes liées au tourisme ont connu une hausse de 4,4 milliards d’euros (69 %) au premier semestre 2023, selon les autorités locales. À elle seule, Marrakech a enregistré 267 000 nouvelles arrivées pendant la haute saison (juillet-août) notamment en provenance d’Europe (Espagne et Angleterre).
Selon les témoignages recueillis par plusieurs médias internationaux, ce sont les zones rurales particulièrement de la province montagneuse d’Al Haouz (l’épicentre du séisme) qui paient le prix fort de cet évènement inattendu et dramatique. Or, des villages tels que Moulay Brahim sont habituellement prisés des pèlerins pour leur riche biodiversité (lauriers roses, bosquets, figuiers de barbaries, scorpions et criquets).
Il sera difficile d’y accéder au cours des prochains mois puisque le tremblement de terre a délié les routes et coupé les lignes électriques. Ce qui empêche dans le même temps l’acheminement de l’appui matériel aux populations sinistrées.
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Toutefois, la végétation de Marrakech éventuellement mise en péril par ce séisme devrait rapidement retrouver son équilibre si l’on en croit une étude scientifique. « Les grands tremblements de terre peuvent augmenter la quantité de flux d’alimentation en eau, augmenter les niveaux des eaux souterraines et ainsi donner aux racines des plantes un meilleur accès à l’eau dans des environnements où elle est limitée », indique un collectif de chercheurs de l’université allemande de Potsdam. Ce qui serait une fierté pour les touristes férus de nature.
Benoit-Ivan Wansi