Elle fait partie des femmes qui ont arraché fièrement les prix internationaux ces dernières années, notamment le « New Leader for the Future » en 2015 et « l’African Woman Young Leader » en 2019. Fatiha El Moudni vient d’être portée à la tête de Rabat, la ville la plus moderne de l’Afrique du Nord. Arrivée dans un contexte de turbulence politique, elle devra faire ses preuves en restaurant le dialogue et en accélérant les chantiers de la politique verte amorcés par celle qui l’a précédée au poste de maire de la capitale marocaine.
Après des mois de tensions entre la maire Asmae Rhlalou et son exécutif réfractaire à toutes ses décisions, le calme est revenu au sein de la municipalité de Rabat au Maroc. Et c’est Fatiha El Moudni qui a été élue pour poursuivre avec plus d’efficacité les chantiers sur le développement urbain amorcés par sa prédécesseure démissionnaire.
La nouvelle maire âgée de 44 ans et familière des stratégies communales a par exemple hérité d’une politique verte jugée efficace, d’ailleurs le seul dossier qui faisait l’unanimité avant son arrivée à la tête de cette ville peuplée de 2 millions d’habitants. En la matière, l’ancienne maire de la ville a réussi à imposer à chaque maison de Rabat un espace vert de 75 mètres carrés aussi bien pour l’embellissement que pour lutter contre la sècheresse.
La mobilité électrique et l’éclairage public solaire
Asmae Rhlalou a également installé des panneaux solaires pour l’éclairage public à Rabat où se côtoient plusieurs organisations internationales parmi lesquelles l’Institut panafricain pour le développement (IPD), l’Union panafricaine de la jeunesse (UPJ) et Cités et gouvernements locaux unis d’Afrique (GLU-Afrique).
Fatiha El Moudni pourrait faire encore mieux. Son premier chantier écologique sera certainement la finalisation de la mise en œuvre du projet de mobilité verte « eCitaro ». Il s’agit d’un partenariat public privé (PPP) qui vise l’introduction d’autobus électriques fabriqués par le constructeur automobile allemand Mercedes dans la ville de Rabat. Un premier test de ces engins a été effectué au premier semestre 2022.
Le défi de la gestion de l’eau et des déchets
La nouvelle maire de Rabat est également attendue sur l’épineux dossier de la privatisation des services publics. En effet, la gestion déléguée de l’eau et des déchets, par exemple, n’est pas du goût des opposants de Fatiha El Moudni. Ces derniers dénoncent constamment ce qu’ils appellent le hold-up des multinationales. Et rien ne s’arrange en ce sens avec le stress hydrique qui s’exacerbe. Les premières décisions de l’élue El Moudni en la matière seront donc très scrutées.
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Celle qui a étudié en Angleterre et en Allemagne, là où les pratiques de l’économie circulaire nourrissent les collectivités territoriales, devrait également promouvoir une dynamique de recyclage massif des déchets à Rabat. La métropole du royaume chérifien en a grand besoin pour booster son économie au moment où le budget communal de 2024 n’est toujours pas connu. Divisés, les membres de l’exécutif n’étaient pas parvenus à approuver les 84 millions d’euros (c’est presque trois fois celui alloué à la ville de Cotonou au Bénin) proposés par la maire sortante. Un défi à relever urgemment par Fatiha El Moudni.
Benoit-Ivan Wansi