Le Maroc mise plus que jamais sur les ressources en eau non conventionnelles. Ce royaume d’Afrique du Nord fait face à un stress hydrique sans précédent qui pousse les régions et les communes à investir davantage dans des systèmes de réutilisation des eaux usées traitées. Dans la région de Tanger-Tétouan-Al Hoceïma, le délégataire du service public de l’électricité, de l’eau et de l’assainissement, Amendis, revoit ses ambitions à la hausse pour les prochaines années.
La filiale locale du groupe français Veolia veut économiser 2,8 millions de m3 d’eau potable d’ici à 2023. Cette eau sera compensée par les eaux usées traitées dédiées à l’arrosage des espaces verts. Amendis a commencé la « reuse » depuis 2016 avec la réhabilitation de la première station d’épuration de Boukhalef d’une capacité de 11 000 m3 par jour.
Des investissements supplémentaires
L’entreprise a également construit une seconde usine de traitement des eaux à Boukhalef, soit une capacité supplémentaire de 32 000 m3 par jour. Ces eaux usées sont valorisées pour l’arrosage d’au moins 135 hectares depuis le début 2016. Cette superficie est désormais bientôt élargie de 150 hectares grâce à l’extension du réseau d’arrosage des espaces verts sur un linéaire d’environ 69 km.
Lire aussi- MAROC : face au stress hydrique, Casablanca mise sur le rationnement de l’eau potable
Ainsi, entre 2016 et 2021, la valorisation des eaux usées traitées a permis d’économiser 6,3 millions de m3 d’eau potable. Ces ressources en eau non conventionnelles permettent l’arrosage de 285 hectares d’espaces de Tanger et Gzenaya, soit 75 % de la surface des espaces verts des deux communes. Pour la période allant de 2023 à 2024, Amendis prévoit d’élargir cette superficie irriguée à travers la réalisation d’un projet portant sur la construction d’une nouvelle station d’épuration de 18 000 m3 par jour à Bougdour.
Ces travaux nécessiteront un investissement de 124 millions de dirhams marocains, près de 12 millions d’euros. Le financement sera réparti entre le Conseil de la région Tanger-Tétouan-Al Hoceima et les communes de Tanger et de Gzenaya, ainsi que les partenaires du Programme national d’assainissement liquide et d’épuration des eaux usées. Comme Tanger, d’autres régions marocaines misent sur la « reuse ». C’est le cas de Casablanca-Settat où l’entreprise de service public Lydec (la filiale du groupe Suez, Ndlr) s’appuie sur les eaux usées traitées issues de la station d’épuration de Mediouna pour l’irrigation d’un terrain expérimental d’agriculture urbaine dans le grand Casablanca.
Jean Marie Takouleu