Au Maroc, les combustibles fossiles notamment le charbon, le pétrole et le gaz seraient à l’origine de la mort de 5 000 personnes chaque année. Parallèlement, ce phénomène coûterait un milliard d’euros (11 milliards de dirhams marocains) soit 1 % du produit intérieur brut (PIB) à l’économie nationale sur la même période. Ces chiffres sont révélés dans un récent rapport du Réseau marocain de défense du droit à la santé et du droit à la vie, portant sur l’impact économique et sanitaire de la pollution atmosphérique dans le royaume chérifien.
Selon l’étude, le Maroc possède des centrales thermiques émettrices en dioxyde de soufre (SO₂) notamment à Jorf Lasfar (113 kt/an) et à Mohammedia (73 kt/an), dans le nord du royaume. Or, la fumée noire émise par les centrales à charbon est source de plusieurs maladies chroniques à l’instar des maladies cardiaques, le diabète, les maladies pulmonaires obstructives chroniques et le cancer du poumon.
« On observe une forte hausse des décès liés à la pollution extérieure dans les régions densément peuplées qui connaissent une urbanisation rapide (Casablanca, Rabat et Marrakech, Nldlr), tandis que le nombre de décès imputables à l’utilisation de combustibles solides pour se chauffer et cuisiner est resté constant en dépit des avancées accomplies sur le plan du développement et de meilleurs services de santé », affirme Laura Tuck, ancienne vice-présidente de la Banque mondiale pour le développement durable.
Adopter un mécanisme de résilience
Le rapport du Réseau marocain de défense du droit à la santé et du droit à la vie publié à l’occasion de la Journée mondiale de la santé le 7 avril 2022 s’est appuyé sur une étude menée en 2019 par Greenpeace Mena (Moyen-Orient et Afrique du Nord) intitulée « L’air toxique : le coût réel des combustibles fossiles ». À en croire Mohammed Tazrouti, chargé de campagne auprès de cette organisation, la détermination actuelle du Maroc notamment en matière de transition énergétique, devrait inciter à l’élaboration d’une stratégie visant à éliminer progressivement le charbon au profit des énergies « renouvelables, propres et saines », qui constitueraient une nouvelle source d’emplois et l’atteinte d’une quasi-indépendance énergétique.
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C’est ainsi que le Laboratoire national des études et de surveillance de la pollution (LNESP) et le Centre national de l’énergie, des sciences et des techniques nucléaires (CNESTEN) travaillent en synergie depuis 2021, notamment pour lutter contre la pollution atmosphérique au Maroc. Cette démarche intervient au moment où le royaume d’Afrique du Nord a engagé une politique visant l’accélération de sa transition énergétique.
Benoit-Ivan Wansi