La Cartographie de vulnérabilité et d’adaptation des petits agriculteurs marocains aux changements climatiques a été présentée vendredi 2 novembre 2018 à Marrakech. Elle permet non seulement de préciser les risques mais aussi de voir apparaître les solutions et les priorités d’action.
L’Agence pour le développement agricole (ADA) a présenté au grand public la cartographie de vulnérabilité et d’adaptation des petits agriculteurs marocains au changement climatique. Cet instrument est dédié aux agriculteurs régionaux, mis en oeuvre dans le cadre des programmes d’appui au Plan Maroc vert (PMV) et financé par le Fonds international de Développement agricole (Fida), partenaire de l’ADA. La cartographie et les premiers résultats qu’elle a permis d’enregistrer ont été exposés vendredi 2 novembre 2018 au cours d’un séminaire organisé à cet effet. À cette occasion, a également été dévoilée la feuille de route élaborée qui doit servir d’outil d’inclusion des petits exploitants et d’identification de leurs besoins en termes de renforcement de capacité et résilience aux effets des changements climatiques. La cartographie permettra d’identifier les priorités, de planifier les stratégies et le financement de l’adaptation au changement climatique. Pour y parvenir, cet outil permettra de faire une évaluation des sites les plus exposés et des populations les plus affectées par les conséquences négatives du changement climatique. Les premiers résultats fournis ont servi de données à l’ADA pour soumettre à quelques bailleurs de fonds une demande de financement des projets prioritaires dans les zones ayant fait l’objet de l’étude.
La mise en œuvre de cette cartographie a coûté 450 000 dollars. Elle est financée par le Fida. La cartographie est déjà implémentée dans 16 provinces du Maroc : à Taza, Boulemane, Sefrou, Azilal, Beni Mellal, Ifrane, Midelt, Khenifra, Taounate, Al Haouz, El Hajeb, Figuig, Oujda, Taourirt, Ouarzazate et Errachidia. Le gouvernement marocain souhaite étendre cet outil à toute l’étendue du territoire national.
S’adapter aux changements climatiques : une nécessité pour les agriculteurs
L’agriculture est au centre des préoccupations du gouvernement marocain. Le secteur représente 15 % du PIB et assure l’employabilité de 40 % de la main d’œuvre. Le changement climatique pourrait freiner cet élan. À long terme (entre 2040 et 2069), le Maroc pourra connaitre une baisse des précipitations entre 17 et 20 %. Pendant la même période, les températures maximales augmenteraient sur tout le pays, de 1,9 % à 3 ou 4 %. Une situation qui ne sera évidemment pas sans incidence sur l’agriculture qui dépend de la pluviométrie.
La cartographie intervient quelques années après la mise en place de la plateforme Mosaicc (Modelling System for Agricultural Impacts of Climate Change). Ce projet, lancé en 2011, avait pour objectif d’évaluer les impacts du changement climatique sur l’agriculture, les ressources forestières et l’économie grâce à une modélisation combinant des modèles pluridisciplinaires. Toutes ces réalisations sont des pistes envisagées par le Maroc pour implémenter sa politique publique en matière de lutte contre le changement climatique, contenue dans le Plan Maroc vert. En 2015, Michael George Hage, représentant de la FAO au Maroc, vantait ainsi les mérites de ce programme chez nos confrères marocains de la VieÉco : « En matière de gestion des ressources hydriques pour l’agriculture familiale, le modèle marocain pour la maîtrise de l’eau d’irrigation, consolidé dans le Plan Maroc Vert, a été fortement apprécié et constitue une référence qui peut inspirer les pays africains. »
Luchelle Feukeng