La superficie d’Al Massira (situé dans la région du Settat), le deuxième plus grand réservoir marocain, s’est réduite de plus de 60 %. Ces chiffres ont été révélés par une étude menée par le think thank américain World Ressources Institute, spécialisé dans les questions environnementales. En cause : la sécheresse observée ces dernières années, les problèmes d’irrigation et la soif croissante des villes voisines, Casablanca en l’occurrence. Plusieurs conséquences néfastes sont attendues. Le réservoir Al Massira dessert la capitale marocaine, Casablanca et plusieurs autres villes du Royaume. De même, il alimente la région de Doukkala, en lui fournissant de l’eau pour l’activité agricole. Un secteur qui, selon le Huffpost Magrehb, emploie plus d’un tiers des Marocains et génère 14 % du PIB. Une baisse d’approvisionnement en eau pourrait constituer une vraie difficulté pour ce secteur et le tissu économique marocain. D’ailleurs, le réservoir Al Massira avait déjà souffert d’une baisse identique du volume stocké, entre 2005 et 2008, affectant près de 700 000 personnes. Ce qui avait occasionné une chute de la production de céréales de près de 50 %. Et la situation n’est pas prête de s’améliorer. « Alors que les niveaux du réservoir continuent à diminuer, la demande en eau continue d’augmenter. En plus de la demande croissante en eau urbaine et de l’expansion de l’agriculture irriguée, la ville de Marrakech prévoit de puiser dans l’eau d’Al Massira, grâce à un important projet de transfert d’eau, opérationnel dès cette année et financé par la Banque africaine de développement » précise le think tank américain.
Le niveau d’assèchement pourrait doubler dans 30 ans
Selon le groupe américain, la demande en eau au Maroc augmentera de deux tiers d’ici à 2050, dans plusieurs grandes villes marocaines. Une situation qui devrait, selon la même étude, inquiéter davantage les autorités. « On s’attend à ce que le changement climatique diminue l‘approvisionnement en eau tandis que la demande augmente, entrainant une augmentation du stress hydrique ». Le gouvernement marocain devrait donc mettre sur pied « des institutions fortes de gestion de l’eau et des filets de sécurité sociale adéquats pour aider les agriculteurs à traverser les (futures) périodes de sécheresse intenses et prolongées », suggère le World Ressources Institute. L’assèchement des réservoirs d’eau est un phénomène qui s’accentue au niveau mondial.
Luchelle Feukeng