Au Maroc, l’Office régional de mise en valeur agricole (ORMVA) vient de lancer les travaux d’aménagement d’un bassin de rétention des eaux pluviales à Tadla, une région située au centre du royaume chérifien. Selon l’ORMVA, le projet de près de 65 millions de dirhams marocains (environ 6 millions d’euros) devrait permettre aux agriculteurs d’accroître leur productivité.
Au Maroc, le gouvernement expérimente différents procédés pour faire face au stress hydrique, actuellement compris entre 1 000 et 1 700 m3 d’eau douce disponibles par an et par habitant, selon la Commission économique des Nations unies (ONU) pour l’Afrique. Parmi les solutions préconisées, figure la rétention des eaux pluviales. À Tadla, région semi-aride située au centre du royaume chérifien, l’Office régional de mise en valeur agricole (ORMVA) va aménager un nouveau bassin de régulation hydraulique.
La retenue servira à irriguer 20 000 hectares de terres agricoles à Tadla. Ce sera le deuxième bassin de régulation hydraulique de la région considérée comme l’une des plus importantes zones agricoles du Maroc. Tadla reçoit environ 300 mm de pluie par an, dont une grande parte pendant en hiver (novembre à mars).
Un projet financé par la BIRD
Le projet mis en œuvre par ORMVA de Tadla soutiendra également la modernisation des techniques de gestion de 20 000 hectares de terres irrigables. À Tadla, le manque d’eau est aussi dû à des techniques d’irrigation inefficaces, ainsi qu’à la surexploitation des eaux souterraines. Ce qui entraîne un abaissement de la nappe phréatique.
Le coût du projet d’approvisionnement en eau d’irrigation à Tadla est évalué à près de 65 millions de dirhams marocains (environ 6 millions d’euros). La Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD), filiale du groupe de la Banque mondiale finance le projet à travers le Programme de « modernisation de l’agriculture irriguée dans le bassin de l’Oum Er-Rbia ». L’initiative couvre depuis 2010 les périmètres irrigués, gérés par les Offices régionaux de mise en valeur agricole des régions du Tadla, des Doukkalas et du Haouz au Maroc.
Comme le Maroc, la Tanzanie recueille également les eaux pluviales pour améliorer son approvisionnement en eau.
Une vielle pratique qui renaît en Afrique
Il y’a quelques années en Tanzanie, la collecte des eaux pluviales se pratiquait uniquement en zone rurale, notamment pour l’élevage ou éventuellement pour des besoins domestiques. Avec l’aggravation du stress hydrique, la pratique se vulgarise. Des réservoirs d’eau de pluie ont été construits dans les zones urbaines. « Un système de collecte des eaux de pluie comprend une zone de captage. Une fois captées, les eaux pluviales passent par des diguettes, des fossés ou encore des canaux pour approvisionner un réservoir. L’avantage de ce système est qu’il réduit les risques de perte de production à cause de la pénurie d’eau, il améliore la recharge des aquifères et permet la croissance des cultures dans les zones où les précipitations sont généralement insuffisantes ou peu fiables », explique l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).
Chez nos confrères de The Citizen, le directeur du Dar es-Salaam Campus College, Nelson Boniface, également professeur à l’Université de Mzumbe en Tanzanie, affirme qu’une collecte adéquate des eaux pluviales pourrait garantir la disponibilité de l’eau tout au long de l’année en Tanzanie. Mais d’abord, la pratique doit figurer parmi les priorités des plans et budgets de développement. Le responsable propose également l’éducation, la sensibilisation et l’information des populations ; ainsi que la mise en place d’un cadre juridique, politique et réglementaire attrayant afin « d’attirer et de donner de l’appétit et du confort aux futurs collecteurs d’eaux de pluie ».
Inès Magoum