Il y’a quelques années, en 2014 plus précisément, le Maroc importait environ 90 % de ses besoins énergétiques. Le pays avait alors pris l’engagement d’améliorer la sécurité de l’approvisionnement en électricité, en réduisant la dépendance aux exportations d’énergie électrique et en augmentant l’utilisation des sources renouvelables. Depuis, la production d’énergie solaire et éolienne terrestre du Maroc s’est nettement développée. Fin 2019, la capacité d’énergies renouvelables du Maroc a atteint 3 685 MW, dont 700 MW d’énergie solaire, 1 215 MW d’énergie éolienne et 1 770 MW d’hydroélectricité. Quatre centrales solaires et onze centrales éoliennes contribuent à cette nouvelle production d’énergies renouvelables. La centrale solaire de Noor Ouarzazate affiche la plus grande capacité, avec 580 MW. Dans le secteur de l’énergie éolienne, la centrale de Tarfaya dispose de la plus grande capacité, avec 301 MW.
Aujourd’hui, le Maroc se trouve confronté à un nouveau défi. Le pays nourrit l’ambition de faire entrer 42 % d’énergies renouvelables dans son mix électrique d’ici la fin de l’année 2020, soit une production de 6 000 MW selon l’Agence marocaine pour les énergies renouvelables (Masen), et de porter la part des énergies renouvelables à 52 % en 2030. Or, il a de quoi relever ces défis. Une analyse récente sur les marchés émergents de l’éolien offshore, réalisée par le Programme d’assistance à la gestion du secteur énergétique de la Banque mondiale, en partenariat avec la Société financière internationale, a révélé que le Maroc disposait d’une « fantastique » ressource éolienne offshore « trop attractive pour être ignorée ». Ce potentiel éolien est ainsi mis en évidence au niveau de la côte ouest du Royaume, le long de l’océan Atlantique. La côte présente d’excellentes vitesses de vent dans des eaux peu profondes et plus profondes adaptées à l’éolien offshore. « L’éolien offshore au Maroc pourrait être exploité pour soutenir la décarbonation de l’industrie dans le pays. Le profil temporel de la ressource (sa stabilité à l’échelle de l’heure, de la journée voire des saisons, Ndlr) pourrait également être bénéfique pour le mix énergétique », explique Mark Leybourne, le spécialiste principal de l’énergie à la Banque mondiale.
Dans le rapport de la Banque mondiale, Mark Leybourne indique aussi que l’inclusion de la production d’hydrogène à partir de l’éolien offshore pourrait aider à éviter les problèmes de transmission et permettre au Maroc de devenir un exportateur d’énergie électrique. « Cela pourrait apporter des avantages économiques substantiels, en particulier si le marché européen de l’hydrogène se développe comme prévu », précise-t-il.
Le document met en évidence diverses autres zones de la côte occidentale du Maroc qui sont bien adaptées aux éoliennes offshore à fondation fixe, notamment la région la plus méridionale du pays, qui a le potentiel de générer 11 GW et la région centrale, avec une production potentielle de 10 GW.
S’agissant des éoliennes offshore flottantes, l’analyse révèle qu’il existe plusieurs zones situées face à la côte ouest, avec des eaux pouvant atteindre 1 000 mètres de profondeur et des vents atteignant plus de neuf mètres par seconde. Ces régions ont un potentiel technique total de 135 GW. L’analyse de la Banque mondiale relève aussi la présence des éoliennes flottantes au large de la côte nord du Maroc, en Méditerranée. Celles-ci ont le potentiel de générer 43 GW.
D’après la Banque mondiale, des points d’accès au réseau existent déjà près des zones de développement potentiel. Le pays devrait cependant renforcer ses infrastructures pour transmettre l’électricité aux régions de Rabat, la capitale politique du Maroc et de Casablanca, la capitale économique du pays, qui expriment une forte demande en énergie électrique. Ces dispositifs permettront aussi au pays de mieux exploiter son potentiel éolien et ainsi de devenir l’un des principaux exportateurs d’énergies vers l’Europe, en particulier vers l’Espagne et le Portugal, car ces pays n’ont pas encore déployé d’éoliennes offshore.
Inès Magoum