Les producteurs d’huile d’olive, dans la province rurale d’Ouezzane, région de Tanger-Tétouan-Al Hoceima, pourront bientôt gérer correctement leurs déchets issus de la production d’huile d’olive. Et ce, grâce à une unité de traitement qui ouvrira ses portes d’ici 2021.
Un projet, qui devrait aboutir à la création de l’usine, vient d’être approuvé par le Conseil de la région de Tanger-Tétouan-Al Hoceima (CRT-TTA). Il prévoit l’implication de tous les acteurs de la chaîne de production d’huile d’olive de la province d’Ouezzane.
Vers la diminution de la pollution ?
La construction de l’usine de traitement des déchets issus de la production d’huile d’olive nécessitera un investissement de 14,4 millions de dirhams marocains (1,3 million d’euros). La construction de l’usine elle-même accaparera les deux tiers de la somme, soit 10 millions de dirhams (plus de 941 000 euros). Cette partie du projet sera financée par le CRT-TTA, le ministère de l’Équipement, du Transport, de la Logistique et de l’Eau, le secrétariat d’État chargé du Développement durable, le ministère de l’Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rural et des Eaux et forêts, le Conseil provincial d’Ouezzane, l’Agence du bassin hydraulique de Sebou et l’Agence du bassin hydraulique du Loukkos.
Le CRT-TTA s’est également engagé à débloquer 3,6 millions de dirhams (plus de 338 000 euros) pour l’acquisition de quatre camions-citernes qui serviront à la collecte des déchets d’huile d’olive. Pour sa part, l’Association des propriétaires d’unités de trituration d’olives de la province d’Ouezzane contribuera à la mise en œuvre du projet à hauteur de 800 000 dirhams. Une somme qui peut paraître symbolique puisqu’elle ne représente que 0,57 % du total, mais qui constitue un maillon essentiel du dispositif puisqu’elle signe l’implication de la profession, sans l’engagement de laquelle rien ne se fera au quotidien. Ces fonds serviront plus particulièrement à l’acquisition du foncier pour la construction des installations.
La valorisation des déchets d’huile d’olive
Ce projet devrait permettre de réduire la pollution des cours d’eau d’Ouezzane. Depuis quelques années et à la faveur d’une production en constante évolution, beaucoup de nouvelles unités de pression d’olives ont vu le jour. Certaines sont bien structurées et répondent correctement aux normes réglementaires d’hygiène et d’environnement. « Malheureusement, de nombreuses unités, de petite taille en général et qui sont disséminées dans les zones de production, déversent directement leurs margines (effluents issus de l’extraction de l’huile d’olive, Ndlr) dans les ruisseaux et cours d’eau avoisinants. Sachant que la margine est toxique et très difficilement dégradable, les eaux des rivières se trouvent ainsi polluées et vont à leur tour contaminer les eaux des barrages dans lesquels elles sont déversées », s’alarmait récemment un lanceur d’alerte de retour d’une excursion sur l’Oued Rdat, un affluent du fleuve Sbou.
Pourtant, les déchets issus de la production de l’huile d’olive peuvent être valorisés. En Espagne, plus exactement dans la communauté autonome d’Andalousie, un grand bassin de production d’huile d’olive, les déchets sont incinérés pour produire de la chaleur et de l’électricité. Un tel système de production permet une agriculture plus rentable et durable.
Jean Marie Takouleu