À Maurice, la mobilisation se généralise afin de dégager une marée noire, causée par l’échouage le 25 juillet 2020, d’un navire japonais sur un récif du sud-est de l’État insulaire. L’une des solutions qui se distinguent sur le terrain de la lutte, c’est celle des associations de protection de l’environnement et des salons de coiffure. Ceux-ci invitent les populations à offrir volontairement leurs cheveux. Un kilogramme de cheveux pouvant absorber jusqu’à 8 kilogrammes d’hydrocarbures.
La côte sud-est de l’Île Maurice est le théâtre d’une lutte acharnée contre la marée noire. Au moins 1000 tonnes de fioul se sont déjà déversées dans les eaux et 2000 autres se trouvent encore dans les cuves du MV Wakashio, le navire naufragé. Pour éliminer cette pollution, des volontaires s’organisent sur place au sein d’ateliers improvisés pour rassembler les cheveux dans de longs sacs en tissus qui laissent entrer l’eau et les hydrocarbures. Ces boudins sont ensuite attachés les uns aux autres pour constituer de grands barrages flottants. « Les cheveux sont reconnus depuis de nombreuses années pour leurs propriétés absorbantes. Un kilogramme de cheveux absorbe jusqu’à 8 kilogrammes d’hydrocarbures » explique un membre d’Octopus, une organisation non gouvernementale (ONG) de défense des océans.
L’approvisionnement en cheveux est assuré à travers des campagnes de collecte des cheveux auprès des populations. Des points de don volontaires de cheveux ont été aménagés dans les centres urbains du pays d’Afrique de l’Est. Ce ravitaillement est également soutenu par des salons de coiffure, notamment ceux de l’île de la Réunion voisine. Marie-Pierre Lafosse-Riviere, présidente de la section réunionnaise de l’Union nationale des entreprises de coiffure (Unec), a demandé à tous ses membres de collecter leurs restes de cheveux afin qu’elle les achemine vers l’île Maurice.
Le gouvernement mauricien craint le pire
Le navire japonais MV Wakashio avait échoué sur les côtes mauriciennes le 25 juillet 2020, mais c’est plusieurs jours après que les autorités gouvernementales ont constaté que des tonnes d’hydrocarbures s’échappaient de sa coque. Comme mesures conservatoires, le gouvernement mauricien a déclaré l’état d’urgence et demandé l’aide de la France, qui a envoyé de la Réunion une vingtaine de tonnes de matériel, ainsi que des experts. Mais jusque-là, rien n’est joué d’avance. « L’île Maurice doit se préparer au pire des scénarios. Car même si la fuite initiale a été stoppée, plusieurs fissures ont néanmoins été observées sur la coque du navire » déclare Pravind Kumar Jugnauth, le Premier ministre mauricien lors d’un point de presse le lundi 10 août 2020.
Cet incident est d’autant plus dangereux, qu’il s’est produit à proximité du parc marin de Blue Bay, connu pour son récif corallien spectaculaire. C’est la raison pour laquelle dans ce contexte critique de pollution marine, la moindre initiative est la bienvenue.
Et s’agissant du recours aux cheveux, cette technique a été utilisée pour la première fois à grande échelle lors de la catastrophe de la plateforme pétrolière Deepwater Horizon en 2010, qui avait laissé s’échapper l’équivalent de plusieurs millions de barils de pétrole dans le golfe du Mexique. Un désastre écologique sans précédent aux États-Unis. Pour lutter contre ce qui reste comme étant la plus grande marée noire de l’histoire, des barrages flottants à base de cheveux avaient alors été testés avec succès pour contenir la pollution.
Boris Ngounou