Rodrigues est une petite ile située à plus de 580 km à l’est de l’ile Maurice, peuplée de quelque 41 000 habitants. Les effets des changements climatiques y sont palpables, notamment avec l’eau potable qui devient de plus en plus rare. Les habitants sont obligés de parcourir de longues distances pour s’approvisionner. Pourtant, Rodrigues est entourée d’eau de mer. C’est pour exploiter cette ressource que la start-up française Quadran (racheté en 2017 par Direct Énergie, elle-même rachetée en 2018 par Total) a construit une unité de dessalement de l’eau de mer fonctionnant à l’énergie solaire.
La nouvelle usine de Quadran est capable de fournir 80 m3 d’eau à 2 400 personnes à Rodrigues. L’entreprise précise tout de même qu’elle est capable de dessaler 400 m3 d’eau en tournant avec une énergie hybride. Pour réaliser son projet, cette jeune entreprise, qui emploie 230 personnes, a reçu le financement de l’Union européenne, de la Commission de l’océan indien (COI) et du Fonds français pour l’environnement mondial.
Le projet de construction d’une unité de dessalement de l’eau de mer s’inscrit dans le cadre du programme COI-Energies. Son objectif est d’apporter des financements pour des projets de développement des énergies renouvelables dans les Comores, à Madagascar, à Maurice et aux Seychelles.
Osmosun, une technologie déjà utilisée sur le continent africain
La technologie Osmosun, utilisée pour l’unité de dessalement de l’eau de mer sur l’ile Rodrigues, est développée par l’entreprise française Mascara. Il s’agit d’une solution de dessalement de l’eau de mer intégrant l’utilisation d’énergie solaire photovoltaïque par Osmose inverse, sans batterie. Elle permet d’avoir accès à l’eau potable à moindre coût.
Une usine du même genre va voir le jour d’ici le mois d’octobre 2018 dans la province du Cap en Afrique du Sud. Elle est construite par l’entreprise TWS-Turnkey Water Solutions, d’une capacité de 100 m3 d’eau par jour. Avec une énergie hybride, elle peut produire jusqu’à 300 m3 d’eau par jour. Mascara Renewable Water se sert de cette technologie pour construire des forages et traiter l’eau dans les pays côtiers. C’est le cas à Abu Dhabi, la capitale des Émirats Arabie unis, où son usine de dessalement produit 40 m3 d’eau par jour en autonomie complète. On s’attend à ce que d’autres pays africains, qui font face à des problèmes d’eau potable et qui disposent d’un accès à la mer, suivent l’exemple de Maurice et de l’Afrique du Sud.
Jean Marie Takouleu