En Mauritanie, l’agriculture fournit un moyen de subsistance à 62 % de la population (avec l’élevage), ainsi que des emplois à 21 % de la population active. Le pays dispose de potentialités agricoles importantes : environ 500 000 ha des terres cultivables (soit environ 0,2 ha/habitant) des potentialités d’eaux de surface, estimées à 11 milliards de m3 annuel dont environ 15 % seraient utilisés pour les besoins agricoles (chiffres combinés Banque mondiale, Banque africaine de développement). Avec ces potentialités, on pourrait espérer qu
e le secteur agricole contribue davantage au produit intérieur brut (PIB, en ce moment de 14 % selon la BAD) de la Mauritanie.
Mais cet espoir est douché par les changements climatiques qui engendrent la sècheresse, rendant la productivité moins importante selon le ministre mauritanien de l’Agriculture Lemine Mint El Ghotob Ould Moma. Il a procédé récemment au lancement de la composante mauritanienne du projet d’appui à l’initiative d’irrigation dans le Sahel. C’était à Boghé à 320 kilomètres au sud de Nouakchott, lors d’un atelier national sur l’agriculture organisé en collaboration avec la Banque africaine de développement et Comité Inter-états de lutte contre les effets de la sécheresse au Sahel (Cilss). L’objectif d’un tel projet est d’accroitre la productivité agricole dans ce pays très touché par l’avancée du désert du Sahara.
Un projet ambitieux
« Ce projet devra contribuer aux efforts déployés dans les domaines de la diversification agricole, de l’augmentation de la production et du rehaussement de sa compétitivité », a expliqué Lemine Mint El Ghotob Ould Moma. Précisément, le secteur public, les bailleurs de fonds, les partenaires au développement et surtout le secteur privé devraient se mettre ensemble pour, dans un premier temps, renforcer les capacités des parties prenantes (agriculteurs). Ici, le Cilss, qui a la responsabilité de coordonner le projet insiste sur le fait que la femme doit être au centre cette politique. Il faut dire qu’en Afrique subsaharienne, les femmes produisent jusqu’à 80 % des denrées alimentaires destinées à la consommation des ménages et à la vente sur les marchés locaux, selon un rapport conjoint de la Banque mondiale et de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).
En Mauritanie, le projet d’appui à l’initiative d’irrigation dans le Sahel va permettre également de créer de nouvelles parcelles et d’améliorer celles qui existent déjà. Ces parcelles seront ensuite dotées de services d’irrigation et de drainage. Les personnes formées dans le cadre du projet apporteront leurs connaissances dans l’intégration de systèmes d’irrigation dans l’agriculture en Mauritanie.
Plusieurs soutiens au projet
Le projet d’appui à l’initiative d’irrigation dans le Sahel concerne six pays, dont le Burkina Faso, le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Sénégal et le Tchad. Pour sa mise en œuvre, chacun de ces États doit recevoir 25 millions de dollars, que devra fournir l’Association internationale de développement (IDA, une filiale de la Banque mondiale basée à Washington, NDLR). Une somme que la Banque mondiale a déjà validée dans le cas de Mauritanie. Ibrahim Sall qui représente cette institution dans le pays a précisé que ce financement est accordé sous forme de don sur une durée de six ans.
Le projet est également mené en partenariat avec Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) et du Programme multidonateur du partenariat pour l’eau (de la Banque africaine de développement).
Jean Marie Takouleu