Le programme de restauration du parc national de Zinave se poursuit au Mozambique. Avec l’accord du gouvernement sud-africain, 89 herbivores ont été relâchés dans cette réserve située dans la province d’Inhambane, au sud du Mozambique. Le don du ministère sud-africain des Forêts, de la Pêche et de l’Environnement est composé de 27 zèbres et de 62 gnous bleus. Ces animaux sauvages ont été transférés du très réputé parc national Kruger, situé en territoire sud-africain, à 1 250 km de Zinave.
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Les animaux ont été transférés sous bonne garde avec le soutien de la Fondation Peace Parks qui assure la cogestion du parc national de Zinave avec l’Administration nationale des zones de conservation (Anac) du Mozambique. Les deux partenaires ont démarré la restauration de Zinave en 2016. Le parc qui s’étend sur une superficie de 408 000 hectares a souffert pendant des décennies des activités humaines, notamment le braconnage qui a entrainé la perte de plusieurs espèces de grands mammifères, dont le rhinocéros noir, le buffle du Cap, le guépard, le cobe des roseaux, l’élan, l’éléphant, la girafe, le bubale de Lichtenstein, l’antilope rouanne, l’antilope sable, la hyène tachetée, le gnou et le zèbre de Selous, etc.
Relancer l’écotourisme
Plusieurs espèces sauvages ont également disparu du parc de Zinave pendant la guerre civile qui a opposé le Front de libération du Mozambique (Frelimo) à la Résistance nationale du Mozambique (Renamo), directement après la guerre d’indépendance, suivie du départ des colons portugais en 1975. Pendant la guerre civile, les animaux sauvages qui ont échappé au braconnage se sont dispersés en Afrique australe. Des scénarios similaires ont également été observés en période de conflit au Rwanda et en Angola.
Le présent transfert d’herbivore s’inscrit dans le cadre du programme de restauration du parc national de Zinave, supervisé par le ministère mozambicain de la Terre et de l’Environnement. « Le parc est appelé à devenir un acteur majeur de l’économie écotouristique au Mozambique. Nous apprécions énormément les partenariats transfrontaliers que nous avons avec nos partenaires gouvernementaux en Afrique du Sud et avec la Fondation Peace Parks. C’est un merveilleux exemple de la manière dont les partenariats régionaux peuvent contribuer à construire un avenir plus prospère pour l’Afrique australe et ses habitants », se réjouit Ivete Maibaze, la ministre mozambicaine de la Terre et de l’Environnement.
Un atout majeur pour le Grand Limpopo
L’Afrique du Sud joue un rôle de premier plan dans la restauration de Zinave. En 4 ans, le ministère sud-africain des Forêts, de la Pêche et de l’Environnement a validé le transfert de 700 animaux sauvages dans le parc. En tout, 2 300 animaux ont déjà été réintroduits dans le parc national de Zinave. Selon la Fondation Peace Parks, grâce aux dons d’animaux sauvages d’Afrique du Sud et du Zimbabwe et au repeuplement d’autres zones du Mozambique, Zinave compte 13 espèces, dont l’impala, le cobra des roseaux, le cobra d’eau, le buffle, le zèbre, le gnou, la girafe, la zibeline et l’éléphant. « Prospérant dans leur habitat sûr et abondant, ces populations réintroduites ont plus que doublé en nombre, pour atteindre près de 6 000 animaux », indique l’organisation. Les populations d’herbivores étant florissantes, les premiers prédateurs, un clan de quatre hyènes tachetées, ont été réintroduits dans le parc à la fin de 2020 et ont déjà produit leur propre progéniture.
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Ces transferts garantissent la pérennité du Parc transfrontalier du Grand Limpopo. Cette aire protégée transfrontalière s’étend sur une superficie totale de 99 800 km2 et englobe le parc national Kruger dans la région de Makuleke en Afrique du Sud, les parcs nationaux Limpopo, Zinave et Banhine au Mozambique, ainsi que le parc national Gonarezhou au Zimbabwe.
Jean Marie Takouleu