Les paysans mozambicains ont repris espoir dans l’agriculture. La perte des récoltes et du bétail lors des inondations et des grandes sècheresses n’est plus qu’un triste souvenir pour eux. C’est que le Programme pilote pour la résilience au changement climatique (PPCR, en anglais) leur a permis de pallier les aléas climatiques.
En 2012, le gouvernement mozambicain, soutenu par la Banque africaine de développement (BAD) et le Fonds d’investissement climatique, a investi 35,2 millions de dollars en soutien aux populations confrontées aux inondations. C’est ainsi que Filomena Alfredo Xandlala, une horticultrice du district de Chongoene, au sud du Mozambique, a renoué à cœur joie avec les champs, après une longue période d’inactivité. Sa communauté a terriblement souffert des inondations records enregistrées en 2 000, avec une cinquantaine de morts et plus de 10 000 déplacés. Filomena avait alors perdu l’intégralité de sa récolte de riz, et avait décidé de renoncer définitivement à l’agriculture. Une dizaine d’années plus tard, la quinquagénaire revient sur sa décision, à la faveur du projet PPCR. « Ce projet nous a beaucoup appris sur l’agriculture et nous sommes impatients d’avoir de meilleures récoltes. Je suis optimiste pour l’avenir », lance-t-elle, le sourire désormais accroché aux lèvres.
Avec au total 8 200 familles d’agriculteurs, soit 40 000 bénéficiaires, le projet met en place des formations sur l’agriculture intelligente permettant aux paysans d’acquérir des méthodes d’adaptation à la nouvelle donne climatique. Le projet prévoit aussi l’introduction de nouvelles semences résistantes au climat, le renforcement des routes rurales, la réfection des infrastructures d’irrigation et de drainage sur un périmètre de 2 000 hectares, l’aménagement de 1 050 hectares de terres, ont permis au Mozambique de produire 754 287 tonnes de légumes en 2016, dont près de la moitié en provenance des régions sud du pays.
La BAD mobilise un financement supplémentaire de 44 millions de dollars pour l’agriculture résiliente au Mozambique
La BAD a accordé en août 2018 un prêt de 44 millions de dollars destiné à la production et à la promotion des légumes au Mozambique. Le gouvernement utilise ce financement pour assurer le fonctionnement du système d’irrigation, la gestion des infrastructures hydrauliques, des terres et des ressources en eau pour la production de légumes tout au long de l’année, dans le sud du Mozambique.
Dans le cadre de ce financement, une unité de transformation de légumes d’une capacité de 20 à 25 tonnes par jour est en cours de construction. Elle devrait entrer en service en juin 2019. L’usine s’approvisionnera auprès des producteurs en légumes achètera qui seront lavés, sélectionnés, calibrés, emballés et stockés. L’unité est bâtie à Xai Xai, sur une superficie de 2 114 mètres carrés, dont 400 mètres carrés sont destinés aux bureaux et aux entrepôts. Ce sont en tout 8 000 producteurs qui bénéficieront ainsi de nouveaux débouchés pour la vente de leurs produits.
Toutes choses qui confortent l’économie essentiellement rurale du Mozambique, avec 80 % de la main-d’œuvre relevant du secteur primaire. L’agriculture assure ainsi la subsistance de la grande majorité des habitants. Elle représente aussi une importante source de revenus dans le commerce externe. Elle génère globalement 65 % du produit intérieur brut. C’est dire tout l’intérêt du PPCR…
Boris Ngounou