Le projet hydroélectrique de Mphanda Nkuwa s’apprête à franchir une nouvelle étape. Il s’agit du choix de l’entreprise-conseil qui accompagnera la mise en œuvre du projet. À l’issue du premier appel d’offres, 18 sociétés avaient posé leur candidature. Seules neuf sociétés ont concouru pour la sélection finale en ce début du mois d’août 2019.
Les autorités mozambicaines feront connaître leur choix d’ici à la fin de l’année 2019. L’entreprise retenue donnera son avis dans le choix du partenaire « stratégique » qui se joindra à Electricidade de Moçambique (EDM) et Hidroelétrica de Cahora Bassa (HCB) pour le développement du projet hydroélectrique de Mphanda Nkuwa. Elle travaillera également avec le bureau en charge de la mise en œuvre du projet.
Un projet confié à un consortium de trois entreprises
La construction du barrage et de la centrale hydroélectrique de Mphanda Nkuwa a été confiée à un consortium composé de trois entreprises. Il s’agit de l’entreprise brésilienne Camargo Corrêa, de la société mozambicaine Insitec et d’Electricidade de Moçambique, la compagnie qui assure le service public de l’électricité dans ce pays d’Afrique australe.
La construction des installations du projet, qui aurait dû commencer en 2011 pour une durée de quatre ans, n’a toujours pas démarré. Le barrage sera construit sur le fleuve Zambèze, dans le district de Changara, à environ 70 km au nord-est de la ville de Tete et à 61 km au sud-est du barrage de Cahora Bassa qui fournit 2 075 MW. Le barrage de Mphanda Nkuwa sera réalisé en béton comprimé et mesurera 90 m de haut sur 700 m de long. Son réservoir couvrira une superficie de 100 km2.
L’eau du barrage permettra de faire tourner des turbines qui fourniront en tout 1 500 MW. Le coût total de ce projet est estimé à 2,3 milliards de dollars. Cependant, la construction du barrage présente un impact non négligeable sur l’environnement et les populations riveraines.
L’opposition de l’ONU
Le barrage de Mphanda Nkuwa influencera une fois de plus le débit du fleuve Zambèze qui supporte déjà plusieurs barrages et devrait en accueillir davantage avec la construction du barrage hydroélectrique de Batoka Gorge de 2 400 MW au Zimbabwe et en Zambie. La conséquence la plus directe est l’anéantissement des systèmes d’irrigations situés en aval du barrage. Cette destruction affectera l’aquaculture dans le delta du fleuve Zambèze. Pire encore, la retenue devrait déplacer 1 400 familles et impacter les moyens de subsistance de 200 000 personnes. L’Organisation des Nations unies (ONU) a marqué son désaccord vis-à-vis de ce projet en le qualifiant de « projet de grand barrage le moins acceptable sur le plan environnemental en Afrique ».
Le Mozambique ne dispose pas pour le moment d’infrastructures pour évacuer toute l’électricité produite par le barrage. Une grande partie de la production sera vendue au réseau de l’entreprise publique sud-africaine Eskom qui peine actuellement à assurer l’approvisionnement en électricité de l’ensemble des populations et des entreprises locales.
Jean Marie Takouleu