L’archipel de Bazaruto, situé le long de la côte mozambicaine, a été le théâtre d’un spectacle désolant durant les nuits du 21 et du 23 février 2021. Quelque 118 dauphins à long bec, soit 32 pour la première vague et 86 pour la deuxième, se sont échoués en masse. Le bilan des deux incidents fait état de 111 dauphins morts, et sept autres repoussés dans les flots du canal du Mozambique par les agents de l’African Parks. C’est avec consternation que l’organisation non gouvernementale (ONG) de conservation a annoncé la nouvelle. « Compte tenu de ce qui s’est passé au cours de ces deux journées-là, nous reconnaissons qu’il pourrait y avoir des évènements supplémentaires d’échouage de dauphins. Par conséquent, nous continuons à surveiller la situation et à faire ce que nous pouvons pour éviter de nouveaux cas. » affirme African Parks.
Les circonstances ainsi que les causes de cette série d’échouage de dauphins demeurent inconnues. Toutefois les hypothèses premières soupçonnent les phénomènes tels que la fluctuation des marées, la prolifération d’algues et les perturbations magnétiques ou géologiques. Pour en avoir le cœur net, African Parks est en train d’analyser les échantillons prélevés sur quelques carcasses de dauphins. Ces analyses se font en collaboration avec l’Administration nationale des aires de conservation (ANAC) et le Groupe de spécialistes des cétacés de l’union internationale pour la conservation de la nature (UICN).
Deuxième échouage massif en zone tropicale en près d’un an
On parle d’échouage collectif ou d’échouage massif de dauphins quand il s’agit de deux individus ou plus qui s’échouent dans le même secteur géographique et au cours du même cycle de marée. Le Groupe de recherche et d’éducation sur les mammifères marins (GREMM) met en évidence de nombreuses hypothèses en ce qui concerne les causes de ce phénomène, sur lequel le mystère persiste. Étant donné que les dauphins ont une cohésion sociale très forte, il est donc probable que si l’un d’eux éprouve des difficultés et en vient à s’échouer, le reste du groupe le suivra. Un groupe tentant d’échapper à un prédateur, se rapprochant des côtes pour fuir, pourrait aussi en venir à s’échouer involontairement. Par ailleurs, une topographie méconnue comme les fonds plats, sablonneux ou boueux et les pentes douces peuvent rendre la navigation plus difficile aux dauphins.
Le dernier échouement massif et mystérieux de dauphins survenu sous les tropiques s’est produit le 24 septembre 2019 au large du Cap-Vert. Les secouristes avaient dénombré 136 dépouilles (des dauphins Electre ou péponocéphales), laissant supposer qu’une partie du total de 163 sinistrés avait repris la mer.
Boris Ngounou