L’UK Export Finance, l’agence de crédit à l’exportation du Royaume-Uni a fourni jusqu’à 300 millions de dollars de prêts directs et 850 millions de dollars de garanties à un projet gazier développé par le français Total au nord du Mozambique. Pour les défenseurs de l’environnement, cet investissement destiné au développement d’une énergie polluante est en contradiction avec les missions du gouvernement britannique en tant qu’hôte du prochain sommet de l’ONU sur le climat, Cop26, prévu en novembre 2021.
Total, le géant français de l’énergie a annoncé le 17 juillet 2020, la clôture financière du plus grand investissement jamais réalisé en Afrique. Il s’agit d’un projet de 20 milliards de dollars visant à extraire, liquéfier et exporter un gisement de 1,84 milliard de m3 de gaz naturel découvert en 2010 dans le bassin de Rovuma au large des côtes nord du Mozambique. L’annonce du groupe français faisait suite à la signature de l’accord de financement externe du projet Mozambique LNG, pour un montant de 14,9 milliards de dollars, alloué par 8 agences de crédit à l’exportation, par 19 banques commerciales et par la Banque africaine de développement (BAD).
Ces financements destinés à l’exploitation du gaz naturel liquéfié (GNL) sont ainsi réalisés au mépris des préoccupations mondiales liées au climat. Et le financement qui suscite la curiosité des observateurs est celui du Royaume-Uni à travers son agence de crédit à l’exportation, l’UK Export Finance (Ukef), qui débloqué 300 millions de dollars de prêts directs et 850 millions de dollars de garanties. Pour les écologistes, il s’agit là d’un soutien financier paradoxal, car venant d’un pays qui s’apprête à accueillir le sommet de l’ONU sur le climat, Cop26, prévue en novembre 2021. « Le financement de projets de combustibles fossiles par le biais de l’Ukef risque d’enfermer les pays à revenu faible et intermédiaire dans une dépendance élevée en carbone pour les décennies à venir », affirme Matthew Pennycook, législateur et porte-parole pour le climat du parti d’opposition travailliste britannique.
Greenpeace exige la suspension immédiate des investissements britanniques destinés aux sociétés polluantes
L’Ukef entend soutenir 2000 emplois britanniques à travers son investissement dans le projet Mozambique LNG. Mais pour le groupe de réflexion anglais E3G, ce justificatif n’est pas valable, dans la mesure où l’agence pourrait créer 180 000 emplois en mettant fin au soutien aux combustibles fossiles et en donnant la priorité aux industries à faible émission de carbone. « Ce projet est une triste répétition de l’histoire coloniale où les intérêts du Royaume-Uni ont été privilégiés par rapport à la prospérité économique et sociale du Mozambique », affirme Louise Burrows, experte des agences de crédit à l’exportation à l’E3G.
C’est la deuxième fois en l’espace de quatre mois que le pays hôte de la COP26 est fustigé pour avoir investi dans les énergies fossiles. Unearthed, un média sponsorisé par Greenpeace au Royaume-Uni, accuse le pays d’avoir trahi ses engagements climatiques sur le continent africain. Dans une enquête publiée le 13 avril 2020, le média affilié à l’ONG internationale de protection de l’environnement a révélé que le Royaume-Uni, à travers l’institution gouvernementale de financement du développement (CDC Group) aurait investi plus de 785 millions de dollars (623 millions de livres sterling), dans 14 fonds d’investissement intermédiaires différents, qui auraient à leur tour, injecté une partie de cet argent dans 16 projets pétroliers et gaziers en Afrique et un autre en Asie du Sud Est.
Boris Ngounou