Au Mozambique, les vandales s’en sont pris à nouveau aux installations d’eau potable. Cette fois, les cibles sont des adductions d’eau potable (AEP) situées dans le district de Morrumbene, dans la province septentrionale d'Inhambane, privant ainsi des milliers de ménages du précieux liquide.
Pendant que le gouvernement mozambicain s’efforce à satisfaire les besoins en eau potable de ses populations, une bande de criminels s’est mise en tête de réduire tous ces efforts à néant. Le 3 janvier 2024, ces vandales ont commis un nouveau forfait dans le pays d’Afrique de l’Est. « Quatre systèmes ont été pris pour cibles par ces brigands dans le district de Morrumbene, privant quelque 5 000 personnes d’eau potable », a déploré le directeur provincial des travaux publics d’Inhambane au Mozambique, Daniel Massingue.
Les adductions d’eau potable (AEP) détruites à Morrumbene, avaient été construites dans le cadre du Programme national d’approvisionnement en eau et d’assainissement en milieu rural (Pronasar), lancé en 2010 par le gouvernement de Filipe Nyusi pour améliorer les services d’eau potable et d’assainissement. Et Morrumbene serait même déjà coutumière du fait. « Comme s’il participait à une compétition de vandalisme, Morrumbene garde la tradition, rivalisant avec les quartiers voisins comme Massinga et Homoine, dans lesquels cette situation cause le plus de problèmes. On dirait un concours annuel ! »,dénonce le ministère mozambicain des Travaux publics, du Logement et des Ressources en eau.
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Outre les pénuries d’eau potable, les dommages continus causés sur les systèmes hydrauliques compromettent les niveaux de santé et d’hygiène de la population de Morrumbene, et augmentent le risque d’épidémies et de propagation de maladies transmissibles.
Protéger d’urgence les installations d’eau potable
Le cas de vandalisme perpétré au Mozambique n’est pas isolé. Plusieurs gouvernements en Afrique voient malheureusement leurs efforts pour atteindre le sixième objectif de développement durable (ODD6) d’ici à 2030, bottés en touche par l’endommagement délibéré des systèmes d’approvisionnement en eau potable. Dans la capitale économique du Cameroun Douala, c’est la conduite DN 63 de la Direction régionale de Douala agglomération (DRDA) qui a été vandalisée le 12 janvier 2023, au quartier Bonendale (près du fleuve Wouri) . Cet acte a impacté négativement la distribution de l’eau potable dans la zone.
En 2021, en Libye cette fois, c’est l’une des stations principales de la rivière artificielle située sur la voie orientale du système d’Al-Hasawna qui a été détruite, affectant l’approvisionnement en eau de quatre villes principales à savoir Bani Walid, Misrata, Al-Khums et Zliten, ainsi que d’autreszones environnantes, indique le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef).La même année, l’un des puits d’Al-Hasawna, d’une capacité de production de plus de 5 000 m3 par jour, a été vandalisé et totalement mis hors service.
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Pour l’agence des Nations unies consacrée à l’amélioration et à la promotion de la condition des enfants, il est plus que temps pour les États de faire de la question de la protection des infrastructures d’eau une préoccupation prioritaire, et de renforcer les mesures de sécurité, y compris le déploiement potentiel de forces civiles sur les champs de captage. Cette démarche passera aussi par l’allocation urgente des ressources nécessaires pour effectuer la maintenance et permettrait également d’assurer la continuité des services d’approvisionnement en eau et d’assainissement dans le pays.
Le système des amendes ou des emprisonnements pourraient aussi être une piste à explorer, pour éradiquer ce fléau de vandalisme qui n’a déjà que trop duré en Afrique.
Inès Magoum