Selon une étude scientifique qui vient de paraître dans la revue Nature Ecology & Evolution, la réintroduction de grands herbivores a permis de réduire la propagation de Mimosa pigra, une plante envahissante qui avait élu domicile dans le parc national de Gorongosa, au Mozambique.
« Amourette ». C’est le nom commun attribué à Mimosa pigra. En réalité, cette plante n’a rien de plaisant. Au contraire, il s’agit d’une plante envahissante qui a colonisé le parc national de Gorongosa, situé au centre du Mozambique. Pendant des décennies, la plante a eu le temps de ressemer ses graines, profitant de la richesse du sol dans le sud de la vallée du Grand Rift est-africain.
La particularité de Mimosa pigra est sa taille : elle peut atteindre 6 m de haut. Il s’agit d’un arbuste ligneux figurant dans le top 100 des espèces des plus envahissantes au monde. Elle forme des fourrés denses, épineux et impénétrables, particulièrement dans les zones humides. La plante est originaire d’Amérique latine et a été introduite au Mozambique par les colons portugais.
Elle a un ainsi élu domicile à Gorongosa, un espace réservé à la conservation de la biodiversité. Apparemment, l’une des causes de la multiplication rapide de cette plante dans le parc national était l’absence de grands herbivores. Ces animaux se sont dispersés pendant la guerre civile qui a secoué le Mozambique de 1977 à 1992. Les bêtes sauvages étaient braconnées par les rebelles qui se cachaient dans le parc national de Gorongosa. Avec le retour de la paix, les autorités ont entrepris de réintroduire les herbivores dans un parc colonisé par Mimosa pigra.
En analysant la matière fécale animale de cinq espèces de grands herbivores réintroduits dans le parc, les scientifiques ont constaté que sur une période de 5 ans, c’est-à-dire de 2013 à 2018, ces animaux se nourrissaient essentiellement de Mimosa pigra. Selon les chercheurs qui ont publié leurs études dans la revue Nature Ecology & Evolution, en seulement 10 ans, les mammifères, ont contribué à réduire la densité de la plante envahissante au niveau d’avant-guerre. Cette découverte permettra certainement de mieux lutter contre les espèces de plantes envahissantes qui colonisent les parcs nationaux d’Afrique de l’Ouest. Cette technique permettra-t-elle contrôler la propagation de jacinthe d’eau en Afrique de l’Est ? Rien n’est moins sûr pour le moment.
Jean Marie Takouleu
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